Les épreuves orales d'algèbre et d'analyse du concours de l'agrégation de mathématiques ont pour objet la préparation d'une leçon sur un thème tiré au sort en utilisant des ressources bibliographiques. Ces ressources sont disponibles chaque année sous la forme d'une bibliothèque de l'agrégation comptant plus de deux cents références, complétée par des "malles" remplies d'ouvrages prêtés par les bibliothèques des universités où les étudiant.e.s préparent le concours. Les candidat.e.s sont de plus autorisé.e.s à apporter leurs propres ouvrages.

Quelques jours avant le déroulement des épreuves écrites, le jury de l'agrégation externe a annoncé, sans explication, qu'il envisage de supprimer bibliothèque et malles pour la session 2021, et que seuls seraient autorisés les ouvrages fournis par les candidat.e.s.

Vu la nature de l'épreuve qui consiste à exploiter un corpus bibliographique, une telle mesure serait profondément inégalitaire, puisque les divers.e.s candidat.e.s auraient alors forcément accès à des ressources hétéroclites. Cela ne serait pas acceptable car ce serait contraire au principe d'égalité régissant les concours de la fonction publique.

Une telle mesure, qui forcerait les candidat.e.s à investir massivement et en urgence dans des ouvrages coûteux, est particulièrement choquante en cette période où nombre d'étudiant.e.s ont de graves difficultés financières.

De plus, les candidat.e.s seraient confronté.e.s un problème d'ordre logistique, puisqu'il leur faudrait déplacer à travers la France, le plus souvent en transports en commun, non seulement leurs effets personnels mais encore des dizaines de livres lourds et volumineux.

La situation sanitaire ne doit pas servir de prétexte à des mesures abusives. Si la possibilité de transmission de virus par contact avec des livres ne peut certes pas être entièrement écartée, on peut néanmoins penser que les candidat.e.s, qui seront amené.e.s en cas de réussite au concours à prendre en charge des classes de collégiens et lycéens, ont un sens de la responsabilité suffisant pour choisir soit d'assumer personnellement les risques sanitaires liés à l'usage pendant deux fois trois heures d'ouvrages manipulés dans un strict respect des mesures d'hygiène (port de masques FFP2, usage de solutions hydroalcooliques, aération facile en juillet), soit de préférer l'utilisation de leurs propres livres.

Si des restrictions de déplacements imposent la mise en place de centres de concours secondaires dans plusieurs régions, peut-être en outre-mer, d'où les candidat.e.s passeraient les épreuves en visioconférence, les bibliothèques universitaires locales devraient pouvoir fournir les références nécessaires, au besoin à l'aide de prêts inter-universitaires, ou par des demandes d'autorisation aux éditeurs de photocopier des ouvrages pour cet usage exceptionnel. De manière plus pérenne, des dotations spécifiques pour acheter d'éventuelles références manquant localement seraient bienvenues pour garantir non seulement le bon déroulement de la session 2021 mais aussi l'équité des conditions de préparation au concours pour les années à venir.

On peut aussi envisager un accès à la bibliothèque au moyen de supports numériques (ordinateurs, tablettes, liseuses) qui peuvent être désinfectés aisément.

Quoi qu'il en soit, nous, candidat.e.s, enseignant.e.s en préparation au concours, enseignant.e.s en mathématiques, citoyen.ne.s attaché.e.s aux principes républicains et à la qualité des recrutements dans la fonction publique, demandons au jury de lever au plus vite les incertitudes sur le déroulement des oraux à venir en garantissant à tou.te.s les candidat.e.s un accès à des ressources bibliographiques suffisantes.

Une réponse favorable à notre demande n'empêcherait en rien le jury de recommander aux candidat.e.s de favoriser l'usage de leurs propres livres.