Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes dite "moins-létales".

Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes dite "moins-létales".

Lancée le
19 janvier 2019
Signatures : 182 337Prochain objectif : 200 000
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par Laurent THINES

Chers collègues, chers citoyens,

Je m’appelle Laurent Thines. Je suis neurochirurgien et chef de service au CHRU de Besançon. Soignant comme vous, j’ai été particulièrement choqué par les photos prises et les lésions observées chez les personnes blessées lors des mouvements de manifestation. Beaucoup, très jeunes (potentiellement nos enfants), ont été mutilés alors qu’ils ne représentaient aucune menace spécifique.

Un projectile de type LBD4O, par exemple, lancé à plus de 90m/sec (324 km/h) a une force d’impact de 200 joules: c’est comme si on vous lâchait un parpaing de 20kg sur le visage ou la tête d’une hauteur de 1m !

C'est très destructeur comme en témoigne les blessures de nombreux manifestants: sur ces 2 photos de scanner 3D, vous pouvez par vous même constater les dégâts internes provoqués par un LBD avec enfoncement du crâne (embarrure) sur la photo de gauche (fournie par un gilet jaune blessé en province qui souhaite rester anonyme) et comparé à un impact d’accident de la route grave sur la photo de droite. Le même type de lésions !!!

Je crois qu’il est de notre devoir, en tant que soignants d’alerter sur la dangerosité extrême de ces armes, dites "moins-létales" et c’est pourquoi je viens de lancer cette pétition «  Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes "moins-létales" ». Je souhaiterais savoir si vous voudriez participer en signant ce communiqué pour porter notre voix et en diffusant cette pétition auprès de vos contacts médicaux et paramédicaux:

"Les différents mouvements de revendication qui ont eu lieu ces dernières années dans notre pays (manifestations de lycéens, écologistes, travailleurs, gilets jaunes) ont montré que de nombreux concitoyens ont été gravement blessés par l’utilisation de lanceurs de balle de défense (flash-ball, LBD40) ou de grenades défensives (de type lacrymogène, assourdissante GLI-F4 ou de désencerclement).

Ces armes à feu ont les caractéristiques de véritables armes de guerre. Un LBD40 délivre une balle en caoutchouc dur de 40mm à une vitesse de 90 m/s (>300 km/h) avec une force d’impact de 200 joules à quelques mètres (un gros parpaing lâché d’une hauteur d’1 mètre), 122 joules à 10m et 84 joules à 40m (10 boules de pétanque lâchées d’une hauteur d’1 m) et une force de pénétration accrue par le diamètre réduit du projectile. La précision du tir est théoriquement améliorée par l’usage d’un D.O.E (Dispositif d’Objectif Electronique à visée laser) avec un degré d’erreur de 14cm à 25m et 23cm à 40m, ce qui permet normalement de cibler spécifiquement le thorax et les membres afin d’éviter les zones vitales, comme cela est recommandé expressément par le fabricant (Brügger & Thomet ©) et la direction de la police nationale.
Les grenades (Alsetex ©) quant à elles contiennent une charge de 25 g de Tolite (TNT) dont l’explosion projette des fragments métalliques et/ou 18 palets de 10g de caoutchouc dur (80 joules unitaire = 10 boules de pétanque par palet) sur 30m de circonférence avec un effet de blast blessant (arrêt cardiaque, dilacération de membre, visage, œil) et assourdissant (165 décibels = réacteur d’avion au décollage = risque de surdité définitive).

Les récents événements ont permis de rapporter à ce jour plus de 156 blessés graves parmi les manifestants en relation avec le mésusage de ces armes (personnels non formés, non respect du règlement ou des conditions d’utilisation, ciblage de l’extrémité cervico-céphalique). Les mutilations constatées et prises en charge par Nous, personnels soignants, dues à ces armes utilisées sur des personnes parfois très jeunes ou âgées, exerçant leur droit à manifester, sont choquantes et inacceptables : amputation de membre, défiguration à vie, fracas maxillo-facial ou dentaire, dilacération oculaire ou énucléation, fracas crânien, hémorragies cérébrales engageant le pronostic vital et entrainant des séquelles neurologiques, autant de mutilations qui produisent de nouveaux cortèges de « Gueules cassées »…Tant de vies ont été ainsi sacrifiées…

Une étude récente, publiée en 2017 dans le British Medical Journal Open, rapporte une collection internationale de 1984 cas de traumatismes liés à ces armes dites « moins-létales » : le risque cumulé de décès (3%) ou de handicap séquellaire grave (15,5%) est d’environ 1 chance sur 5. Pour comparatif le risque de recevoir la balle à la roulette russe est de 1 sur 6. Cette étude confirme donc l’extrême dangerosité constatée dans notre pays de ces armes.
 
(Haar RJ, Iacopino V, Ranadive N, et al. Death, injury and disability from kinetic impact projectiles in crowd-control settings: a systematic review. BMJ Open 2017;7:e018154. doi:10.1136/ bmjopen-2017-018154)
 
Pour toutes ces raisons, Nous, soignants (médecins, chirurgiens, urgentistes, réanimateurs, infirmier(e)s, aides soignant(e)s…) apolitiques et attachés à l’idéal de notre pays, la France, au travers de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, demandons qu'un Moratoire immédiat soit appliqué sur l’usage des armes  "moins-létales" de maintien de l’ordre en vue de bannir leur utilisation lors des manifestations."

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