Arrêtons de citer Orwell à tout bout de champ !

Arrêtons de citer Orwell à tout bout de champ !

Lancée le
3 juillet 2019
Adressée à
N’importe qui.
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Pourquoi cette pétition est importante

Lors de mes vagabondages dans les profondeurs de la Toile, je suis tombé sur un article de Bling, blog de linguistique illustré, intitulé « Le point Orwell ». Intrigué de n’avoir trouvé ce point sur aucun autre site, je cliquai sur le lien. « Connaissez-vous le point Orwell ? La loi générale qui le définit s’énonce comme suit : « Plus une discussion sur la langue dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant la novlangue ou George Orwell s’approche de 1 ». (…) Fabrication maison ! Un détournement hasardeux du point Godwin – quoique pas si inédit puisqu’existent déjà les points sarko, troll, rageux, playskool, hipster… [J’ajouterais aussi la loi de Poe, qui stipule que dans une discussion en ligne, on ne distingue pas les images d’extrême-droite des images satiriques qui reprennent les idéologies de l’extrême-droite, N.D.L.A.D.C.A.] Notre idée de « point Orwell » vient de l’observation selon laquelle Orwell est invoqué très souvent (à tort et à travers, aurait-on parfois envie de dire), dès lors qu’il est question de la moindre modification introduite sur la langue. » Mais évidemment ! J’avais enfin posé un mot sur ce que je rage depuis des mois entiers.

Le ou la novlangue (généralement les puristes préfèrent le genre masculin, mais là n’est pas la question) ou néoparler (dans la nouvelle traduction de 2018) d’Orwell, tout comme l’allusion au nazisme, au fascisme, au populisme ou au génocide des Tutsis au Rwanda (point Godwin), est l’argument ultime, celui que l’on balance irrémédiablement à la fin d’un débat autour de la langue française, et plus particulièrement de quelque évolution la concernant pour éviter de trop se creuser la cervelle. On l’a entendu dans le débat — que dis-je, dans la bataille — autour de l’écriture inclusive… Mais pas seulement ! L’écriture SMS et plus généralement du « langage des jeunes » — bien que l’écriture SMS ne soit pas spécialement dédiée aux jeunes — sont aussi des thématiques où l’on retrouve souvent, bien trop à mon avis, des allusions à notre cher Monsieur Orwell, mais aussi pour évoquer la « purification » et la « bien-pensantisation » des textes officiels comme la suppression du terme Mademoiselle dans les documents administratifs ou la notion de race dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, pour désigner les rectifications orthographiques de l’Académie française en 1990, pour parler des néologismes et anglicismes du travail, des politiques et même de l’éducation selon certaines et certains…

Bref, le·a novlangue de George Orwell est progressivement devenu·e une sorte d’excuse, un prétexte… Car elle ou il se présente comme le degré suprême de simplification et d’euphémisation. Ainsi, en utilisant ce juron moderne, on veut faire peur à l’audience : attention, l’écriture inclusive va vous rendre bêtes ; attention, la réforme de l’orthographe a été mise en œuvre pour vous contrôler ; attention, utiliser des abréviations ou tout procédé résultant à de l’écriture SMS va tuer votre cerveau ; attention, le nouveau jargon des entreprises est là pour faire de vous des mules, des esclaves, pour vous asservir, prendre votre contrôle. D’ailleurs, sachez que quand vous aurez fini de lire cet article, vous ferez tout ce que je voudrais, car depuis peu, je suis un adepte du point médian, je ne mets plus de circonflexes sur mes I et mes U et je ne vé pa tarD a ecrir com dan D SMS en écoutant du rap. Et puis, bien entendu, faites attention à la bien-pensance. Vous la croyiez innocente, sympathique, bienveillante, égalitaire ? Vous vous trompez, car la seule chose que cherchent les bien-pensantes et les bien-pensants, c’est de faire de vous — et de tous les êtres humains — des marionnettes, des pantins lobotomisés dont ils·elles tireront les ficelles en ricanant dans la pénombre…

Dès que l’on veut parler d’une situation plus ou moins en rapport avec la langue française, son évolution ou ses nouveautés, on cite le novlangue d’Orwell. Et bien (trop) souvent de façon excessive et abusive.

Si aujourd’hui, je fais appel à vous, à toi, ô lectrice, ô lecteur, c’est pour que ce carnage qui a trop duré cesse. J’ai déjà à mes côtés des influenceur·se·s renommés, célèbres, puissants : elles et ils soutiendront cette cause.

J’ai confiance en vous.

Accolades formelles signées La Peinture des mots,

Site décalé, atypique et cosmopolite

et

Collectivité individuelle de (dés)amour pour la langue française et les langues en général.

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