Le racisme n'a pas sa place sur les murs de l'Assemblée nationale

Le racisme n'a pas sa place sur les murs de l'Assemblée nationale

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April 3, 2019
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Président de l’Assemblée Nationale Richard Ferrand and
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Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,

Mesdames, Messieurs les Députés,

Le 8 mars 2018, je suis sonnée devant cette fresque que je découvre à l’Assemblée Nationale à Paris. Je partage la photo dans mon cercle d’amis et donne plusieurs cycles de conférences au Brésil, aux États-Unis et en Angleterre sur la question. Le 3 Avril 2019, je reçois un tweet, l’appel d’une jeune lycéenne Afro-Française embarrassée, peinée et en colère après une visite scolaire au Palais Bourbon. Sa professeure n’avait pas su trouver les mots pour expliquer l’inexplicable, pour contenir les rires des uns et la colère des autres faces à cette œuvre commémorant l’abolition de 1794.

Cette pétition, co-écrite avec le romancier Julien Suaudeau, est un engagement pour cette jeune fille : l’objet de sa gêne et de sa colère, de notre gêne collective doit disparaître !

"L'histoire en peinture de l'Assemblée nationale" est une série de fresques réalisées par Hervé di Rosa en 1991, sur les murs du palais Bourbon. Parmi ces vignettes, la scène censée commémorer la première abolition de l'esclavage en 1794 représente deux visages de Noirs, yeux exorbités, lèvres surdimensionnées, dents carnassières, dans une imagerie empruntant à la fois aux publicités Banania et à Tintin au Congo.

Cette "œuvre" constitue une insulte humiliante et déshumanisante aux millions de victimes de la traite, ainsi qu'à tous leurs descendants.

Les éléments de contexte sur l’univers de l’artiste, où abondent ces personnages, sont hors-sujet : une œuvre de commémoration doit se passer de notice explicative. Elle doit inviter au recueillement, à la contemplation, et non au rejet épidermique, au dégoût, à la colère. Lapsus honteux ou angle mort de la mémoire coloniale, celle-ci n'a pas sa place dans la maison du peuple français.

En 1991 déjà, la France fourmillait d’artistes qui aurait pu exécuter cette œuvre dans le respect de ce moment clé de l’histoire mondiale. En 2019, ces talents abondent : plasticiens, photographes, dessinateurs d’art, artistes de Street Art, calligraphes, fresquistes… talents moulés dans cette histoire qui méritait autre chose que cette fresque sans nom.

Nous demandons aux députés d'ouvrir les yeux sur cette réalité qu’ils ne peuvent manquer de voir sur le chemin de l'hémicycle.

Nous demandons à l'Assemblée nationale de retirer cette fresque, dont la pérennité aggrave chaque jour l’offense et la blessure.

--

Je m’appelle Mame-Fatou Niang, je suis réalisatrice/enseignante-chercheure, spécialiste en Études Afro-Françaises. J’ai co-écrit cette pétition car cette fresque est une faute morale. Sa présence pendant près de trois décennies sur les murs de la maison du peuple doit interroger les failles de notre système d’éducation et de notre mémoire nationales.

Je m’appelle Julien Suaudeau. Je suis romancier et j'enseigne à Bryn Mawr College (Pennsylvanie). J’ai coécrit cette pétition pour trois raisons :

Parce que l’aveuglement volontaire, qu’il soit ignorance, indifférence ou stratagème au nom de l’indivisibilité de la République, est aussi destructeur que le racisme qui ne se cache pas.

Parce que nous ne pouvons inventer un futur commun sans prendre conscience de notre histoire commune et de la blessure indélébile qui en découle. Cette blessure doit être enseignée pour ne pas être oubliée.

Parce que la sensibilité à l’Autre n'est pas négociable.

Ouvrons les yeux.

Mame-Fatou Niang, Enseignante-Chercheure, Réalisatrice

@MariannesNoires

Julien Suaudeau, Enseignant, Romancier.

@Dawa_rl

Pétition en anglais

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  • Richard FerrandPrésident de l’Assemblée Nationale
  • Mesdames, Messieurs les Députés