Pour une reconnaissance du métier de sage-femme

Pour une reconnaissance du métier de sage-femme

Lancée le
3 mai 2020
Signatures : 26 741Prochain objectif : 35 000
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par Mathilde DEMOLIN

Bonjour !

Nous sommes 4  sages-femmes. A l'approche du 5 mai, Journée Mondiale des Sages-Femmes, nous avons décidé de rédiger une lettre ouverte au Président de la République ainsi qu’au Ministre des Solidarités et de la Santé.

Notre lettre établit une réalité vécue par toutes les sages-femmes françaises: les sages femmes sont injustement oubliées par le gouvernement lorsqu’il s’agit des questions de santé. Notre travail se fait dans des conditions de plus en plus difficiles, par manque de moyens matériels et humains, et sans reconnaissance des instances politiques et administratives.

Nous souhaitons être entendues, pour nous permettre daméliorer l'accompagnement des femmes, tout au long de leur vie.

Ci joint la lettre ouverte, celle-ci sera également diffusée sur tous les réseaux possibles.

A travers cette pétition vous soutenez notre cause : qu'il y ait enfin une reconnaissance du métier de sage-femme.

Quatre sages-femmes parmi tant d’autres,

Mathilde DEMOLIN DEVULDER, Myriam FARKADI, Valérie LEBLANC, Cécile LESAGE

 

                                                                                                   Paris, le 5 mai  2020


Lettre ouverte au président de la République française Emmanuel Macron et au ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran


Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre des Solidarités et de la Santé,


Lors du discours du lundi 16 mars 2020, Monsieur le Président vous avez répété que “nous sommes en guerre”. Une guerre sanitaire sans précédent qui a appelé tout le corps médical sur le front. Malgré la peur du virus les sages-femmes ont réagi, les sages-femmes sont là.


Prendre en charge des patientes oxygéno dépendantes, continuer le suivi gynécologique et obstétrical des femmes, accompagner l’accouchement des patientes dans une salle de naissance pleine, assurer une prise en charge de qualité malgré l’affluence des patientes infectées par le COVID. Les sages-femmes sont là.


Maintenir l’accès au droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse durant le confinement. Les sages-femmes sont là. 


Assurer le relais à domicile des mères et des nouveau-nés sans matériel de protection adéquat.  Augmenter le nombre d’heures travaillées. Continuer d’accompagner psychologiquement les couples malgré la pandémie. Partout, les sages-femmes sont là.


Mais vous, Messieurs : voyez-vous les sages-femmes ? 


L’absence initiale des sages-femmes dans l’arrêté sur la distribution des masques est un exemple concret de cette négligence. Une récurrence : en région Bourgogne-Franche-Comté : une prime est donnée aux étudiants soignants. Les étudiants sages-femmes eux, sont évincés, leur mission “n’étant pas directement liée à l’épidémie”.


Cette crise démontre, une fois de plus, la non reconnaissance de notre profession. Pas une seule fois citée dans vos déclarations : c’est une claire expression de la négation de notre profession, de notre utilité même. Pire : c’est une expression de non considération des femmes, des femmes enceintes, des foetus et des nouveau-nés.


Nous sommes exposées en permanence aux liquides biologiques contaminants (sang, liquide amniotique entre autres). Comment expliquer que l'indemnité forfaitaire de risques, dite “prime des urgences” {1} (réservée aux urgences centrales et pédiatriques) ne soit pas applicable à l’ensemble des professionnels des urgences gynéco-obstétricales ?


La prime d’attractivité territoriale a été instaurée à travers le plan “ investir pour l’hôpital ” . Celle-ci est versée aux professionnels dont la rémunération est égale au salaire médian annuel net de la fonction publique hospitalière {2} (1933€ mensuels selon les dernières données publiées par le DREES) {3}, parmi les professionnels cités :  les sages-femmes n’apparaissent pas. Pourtant, une sage-femme de 1er grade échelon 1 est rémunérée 1605 € net. Encore une fois, comment expliquer que les sages-femmes se voient refuser cette prime ?


En outre, le travail de nuit fait partie intégrante de nos plannings hospitaliers. Nous connaissons maintenant les conséquences néfastes sur la santé du travail nocturne (augmentation de 26% de risques de cancer du sein chez les femmes non ménopausées, probables diabète de type 2, entre autres). {4} {5} La majoration de nuit de 1,07 € par heure, soit 9,63 € par garde de nuit, n’est pas suffisante. {6} Doit-on mettre en péril notre santé pour une majoration si faible ?


Messieurs, doit-on vous rappeler que les sages-femmes font partie des professions médicales (au même titre que les médecins et les chirurgiens-dentistes) ? {7} Elles peuvent ainsi effectuer des prescriptions {8} mais aussi “ pratiquer l'ensemble des actes cliniques et techniques nécessaires au suivi et à la surveillance des situations non pathologiques et au dépistage de pathologie ” , concernant  le suivi gynécologique de prévention des femmes, le suivi de grossesse : accouchement et periode postnatale inclue, suivi du foetus et du nouveau-né.  { 9 }


Par conséquent, nous vous demandons une reconnaissance immédiate et juste de notre profession, de nos compétences, ainsi qu’une réévaluation de notre grille salariale, des cotations des actes, des primes et des majorations (travail de nuit, dimanche et jours férié). Donnez nous les moyens matériels et humains nécessaires au bon accompagnement des patientes. C’est cela aussi se réinventer.


Oubliées depuis tant d’années, il est plus que temps de considérer les sages-femmes à leur juste valeur.

 

Quatre sages-femmes parmi tant d’autres,

Mathilde DEMOLIN DEVULDER, Myriam FARKADI, Valérie LEBLANC, Cécile LESAGE

 

{1} Arrêté du 28 juin 2019 modifiant l’arrêté du 21 décembre 2000 fixant le montant mensuel de l’indemnité forfaitaire de risque allouée à certains fonctionnaires hospitaliers

{2} Décret n° 2020-65 du 30 janvier 2020 portant création d'une prime d'attractivité territoriale des établissements mentionnés à l'article 2 de la loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 

{3} Études et Résultats, octobre 2019, n°1132

(4} Ordina-Duverger, E., Menegaux, F., Popa, A. et al. Night shift work and breast cancer: a pooled analysis of population-based case–control studies with complete work history. Eur J Epidemiol 33, 369–379 (2018). 

{5} ANSES, Rapport d’expertise collective, Saisine 2011-SA-0088 – « Horaires atypiques » 

{6} JORF n°113 du 16 mai 2001 page 7813 texte n° 21  Arrêté du 20 avril 2001 fixant le taux de la majoration pour travail intensif

{7} Arrêté du 23 août 1991 relatif à la liste des professions médicales et des autres professions de santé pris en application de l'article L. 10 du code de la santé publique. 

{8} Article L4151-4 Modifié par LOI n°2011-2012 du 29 décembre 2011 - art. 5 

{9} Article R.4127-318 du code de la santé publique, Modifié par le décret n°2012-881 du 17 juillet 2012

 

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