La fin de l'appropriation culturelle du Mbootù Sénégalais

La fin de l'appropriation culturelle du Mbootù Sénégalais

Lancée le
21 janvier 2021
Adressée à
Aux marques sur Instagram @mylittleananas et @ayonene_wax
Signatures : 140Prochain objectif : 200
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par Adama SOW

Appropriation culturelle et complexe du sauveur blanc (white saviorisme) voilà ce dont nous allons parler dans cette pétition . Je m’efforcerai de faire la difference avec l’appréciation culturelle pour qu’il n y ai ici aucun amalgame .

Qu’est ce que le mbotou ?Au Sénégal,  Il s’agit d’un tissus en Malikaane ( tissus blanc ou beige en coton) cousu pour porter son bébé au dos, avec quatre pans afin de pouvoir l’attacher devant.

Mbootù est un mot Ouolof ( langue majoritairement parlée au Sénégal) mais la technique du portage au dos prend différents noms et est accompagné de différents rites selon les cultures et selon les ethnies en Afrique.

Au Sénégal par exemple selon les ethnies, le mbootù doit être cousu et récupéré par la maman un vendredi et pas un autre jour, il doit être utilisé la première fois un dimanche avant le crépuscule , la première personne a porter bébé avec doit être une fille ayant eu des petits frères/ sœurs (pour que bébé aussi ait des petits frères et sœurs) et elle doit faire avec lui le tour de la maison 7 fois en ramassant 7 brindilles (pour que bébé ait une longue vie et santé) et ce avant le crepuscule (pour que bébé n’ait pas peur du noir). Dans certaines traditions, le mbootù utilisé pour l’ainé est gardé soigneusement pour porter les autres bébés à venir , car dans ce cas les enfants d’une même fratrie auront été porté dans le même ventre et au dos par le même mbootù (pour favoriser la cohésion entre les frères et sœurs). Pour toutes ces raisons il ne peut être fait (cousu) par n’importe quelle personne ni ne peut être commercialisé par toute personne qui trouverait cela juste « pratique »,  ou « tendance »   (encore moins une personne étrangère à la culture).

Le mbootù existe depuis aussi longtemps que l’on s’en souvienne et il est une symbolique forte de notre culture. En effet , au Sénégal on considère qu’après le ventre de sa mère l’endroit le plus sécuritaire pour un enfant est le dos de sa mère, car là, ni le mauvais œil ni le mauvais sort ne peuvent l’atteindre. Nos croyances sont accompagnées d’un voile mystique car notre continent a ses réalités, réalités que les autres ne peuvent saisir vraiment.

Le mbootù est aussi utilisé car il favorise l’éveil de bébé , il est à hauteur d’homme , bien installé et en sécurité sur le dos de sa maman donc il voit ce qui se passe autour de lui sans être hyper stimulé et se sent assez apaisé pour pouvoir s’endormir sereinement là bas lorsqu’il se sent fatigué. Durant ses moments d’éveil non seulement le bébé porté au dos découvre son monde, mais ses capacités physiques et psychomotrices se développent aussi de façon considérable : il entend les conversations de sa maman ou les berceuses qu’elle lui chante et commence déjà à intégrer ces éléments de langage en lui , et la position physiologique dans laquelle il se trouve facilite aussi son aptitude à pouvoir s’assoir puis ensuite marcher. Car en Afrique de l’Ouest l’age de l’enfant n’est pas communiqué en mois comme on le fait en Occident (8mois , 15mois , 18mois etc…) mais plutôt en fonction de ce qu’il a acquis (il s’assoit, il marche , il parle) et tout cela est en grande partie grâce au portage physiologique au dos avec le mbootù.

Du fait de notre culture et nos traditions , les enfants sont éduqués par la communauté et dans le respect des traditions , nous (Ouolofs ,Séréres, Peulhs, Manjacks, Diolas etc… )  avons tous été portés au dos avec un mbootù quand nous étions bébés et ferons de même avec nos enfants , car il s’agit de notre tradition. Cependant, beaucoup trop souvent des aspects de nos cultures sont repris par des personnes non noir-e-s et non afro descendant-e-s qui en tirent du profit et parfois même changent le nom de la pratique pour encore mieux se l’approprier. En effet, on se rappelle de Kim Kardashian avec ses tutos payants pour apprendre à ses abonnés à reproduire ses "boxer braids" alors qu’il s’agit des cornrows -terme utilisé par les afro-américains – et des nattes ou rang versés comme on dit chez nous alors que lorsque des femmes noires font des rang versés avec leur cheveux crépus et se rendent au travail ce n’est pas professionnel mais quand c’est une personne Blanche qui le fait ça devient tout de suite cool et beau ou encore quand ce sont les femmes africaines à château d’eau qui maitrisent se savoir faire des tresses , elles sont stigmatisées , ou alors ne peuvent pas trouver du travail car savoir coiffer et tresser les cheveux crepus n’est pas reconnu comme compétence diplômante/professionnel  en France. Je précise quand même : porter des nattes collées lorsque vous n’êtes pas Noire ne pose pas problème , ce qui pose problème c’est de l’utiliser comme partie de déguisement , de le monétiser, de vous attribuer sa création etc…

Pour le Mbootù c’est pareil , pour ceux qui habitent en Région parisienne, il n’est pas rare de rencontrer des femmes Noires porter leur bébé au dos (à Château Rouge , château d’eau , ou dans les trams ou sur certaines lignes de métro) mais ces femmes noires vont être regardées comme des bêtes de foire, considérées comme « incapables de laisser leurs habitudes du bled », non civilisées (elles auraient pu prendre une poussette comme le font tous les parents ou presque ici, certaines même vont essuyer des remarques de la part d’inconnues «  madame vous devriez utiliser une poussette c’est mieux pour votre enfant sinon il risque de tomber » , d’autres encore vont entendre «  mais c’est irresponsable de porter un enfant comme ca , il doit être terriblement mal à l’aise ». Et cela tous les jours.

Malheureusement ces personnes ne connaissent pas notre culture. Et les études ou articles sur les bienfaits du portage physiologiques ou du fait de porter bébé au dos sont encore timides …

Mais lorsque des femmes blanches portent leur bébé au dos avec des mbootù, customisés en wax , là c’est cool , c’est tendance , c’est « safe » et pratique. Certaines personnes vont même jusqu’à penser que ces marques sont à l’origine du Mbootù (même si la marque précise que ca vient du Sénégal , et là encore ce n’est pas tout à fait vrai puisqu’il prend d’autres noms selon les cultures de la sous région et que le Sénégal est « récent » ses frontières sont issues de la colonisation et nos Royaumes d’avant ne connaissaient pas les frontières d’aujourd’hui. Nos échanges commerciaux et sociaux étaient fréquents et nos pratiques et traditions étaient donc communes ou du moins similaires malgré certaines spécifiés (par exemple chez les Peulh on parlera de Bambugol pour dire « Boote » qui veut dire porter au dos et designer le « mbootù ») . Ce portage à l’africaine est donc répandu dans le continent.

Oui, là vous allez me dire c’est bien beau tout ca mais ou est le lien avec l’appropriation culturelle et les mbootù?

Le lien est que comme précité plus haut , cet aspect de notre culture peut être partagé à d’autres peuples pour les bienfaits que constitue le portage physiologique autant pour le bébé que la maman. Donc une personne non issue du continent (non Africain), non Noire, peut s’essayer au mbootù pour les bienfaits qu’il/elle en tirerait pour sa propre personne et son ou ses enfants . Cela n’a rien de choquant, c’est de l’appréciation culturelle tant que c’est avec respect et connaissance de la culture appréciée et non pour effet de mode ou pour en tirer un quelconque profit. Voilà l’appréciation culturelle, vous n’avez pas à faire partie de la culture concernée pour emprunter ses codes culturels.

Parlons de l’appropriation culturelle…

Gardez à l’esprit que « les conséquences de vos actes » ont plus d’impact que « votre intention ». Vous pouvez avoir une bonne intention tout en posant des actes qui participent à maintenir les dynamiques de pouvoir entre culture dominante/ culture dominée.

Aussi pour éviter tout amalgame : l’appropriation culturelle ne veut pas dire qu’il ne faut pas procéder à des échanges culturels, on est dans un contexte de mondialisation , les échanges culturels sont inévitables et  c'est là une vraie richesse).

Mais la question que pose l’appropriation culturelle c’est celle de l’égalité et des rapports de force. Lorsque l’échange est fait avec quelqu’un qui ne dispose pas du même pouvoir, ce n’est pas un échange, car d’un coté on a une personne qui a la capacité de prendre et d’imposer et de l’autre coté on a une personne qui ne peut que subir.

L’appropriation culturelle est une forme de racisme qui ne dit pas son nom car en maintenant des dynamiques de pouvoir de dominant/dominé, elle participe aussi à soustraire la dignité et les ressources des personnes issues des cultures dominées concernées. Et les personnes qui font de l’appropriation culturelle vont en tirer un bénéfice (financier , reconnaissance) que la culture dont la pratique est originaire n’a pas.

Ceux qui vont nier l’appropriation culturelle vont dire que tout le monde peut porter son enfant au dos avec un mbootù. Le problème n’est pas que le mbootù ne peut être utilisé par tout le monde, le problème est qu’il ne peut pas être fait ou commercialisé par des personnes non issues de nos cultures ou de notre continent. Le mbootù possède une forte signification sentimentale, émotionnelle et mystique pour nous africains et Noir-e-s du continent.

D’autres personnes vont nier l’appropriation culturelle ici vont dire « Oui mais les personnes Noires portent bien des jeans, mettent des perruques cheveux lisses etc et ce n’est pas leur culture , c’est donc de l’appropriation culturelle ». Eh bien non ! il ne s’agit pas de la même chose car les personnes issues de populations dominées n’ont pas eu le choix , elles ont du s’efforcer de s’assimiler, d’adopter des codes de la culture dominante pour s’intégrer dans une société qui leur a toujours fait comprendre qu’elles ne sont pas assez bien (exemple :les cheveux crépus sont sauvages, incorrects , non professionnels, négligés donc on va les lisser / ou porter des perruques pour avoir plus de chance d'obtenir un emploi ou un logement ou d'être accepté dans certains milieux )

Les deux marques sur Instagram (@mylittleannanas et @ayonénéwax, tenues par des femmes blanches qui exploitent cet aspect de la culture et en tirent du profit, « customisant » nos mbootù avec des tissus en wax légitiment leur action ainsi :

Pour la première, il s’agit d’un groupe de femmes Blanches qui pensent vendre des mbootù éthiques car ils viennent du Sénégal et sont faits par des tailleurs sénégalais (main d’œuvre moins chère mais elles disent pouvoir permettre à ces tailleurs de faire vivre leur famille convenablement). Elles parlent aussi de faire découvrir cette technique de portage en Occident et scolarisent des enfants sénégalais pendant 18mois a chaque achat de mbootù.

En quoi cette tentative de justification est telle problématique ?

En plus d’être paternaliste , ce discours est fortement emprunt du complexe du white savior*  - sauveur blanc- : « ca permet à ces 4 tailleurs sénégalais de vivre et faire vivre leur famille convenablement » , comme ci , avant l’arrivée de ces femmes blanches à Dakar les enfants n’étaient pas scolarisés , ces tailleurs et leur famille ne pouvaient pas vivre convenablement , il a fallu qu’elles prennent l’avion , viennent au Sénégal (sans besoin de visa , paperasse , frais, demande de titre séjour, sans risque d'etre expulsé ou refusé à la frontière etc. . Bref avec leur privilège blanc exploiter un aspect de notre culture qu’elles ont trouvé pratique sur place en l’absence de poussette à cause de notre sable et nos rues non goudronnées -le mbootù – et exploiter des tailleurs sénégalais et des femmes sénégalaises pour la recherche des tissus car la main d’œuvre coute moins cher) bref il aura fallu qu’elle se donnent tout ce mal pour que ces 4 tailleurs puissent vivre avec leur famille convenablement et que les enfants sénégalais soient scolarisés . Elles sont donc les sauveur-e-s des Sénégalais ou du Sénégal. Elles vont donc être louées pour avoir permis à ces tailleurs et leur familles de vivre convenablement (ce qui n'était pas le cas avant) , et les enfants sénégalais (d'être enfin) scolarisés (parce que les petits sénégalais ne le sont certainement pas ou alors leur apprentissage autre que le Français ne compte pas).

Ce complexe du white savior( ou sauveur blanc) ne se retrouve pas que dans le volontourisme ou le cinéma , mais on le retrouve dans chaque aspect de notre quotidien sur le continent avec des hommes et des femmes qui viennent dans nos pays, y immigrer (ou plutôt s’y expatrier parce que oui immigrés c’est pour les non-Blanc-he-s qui partent en Europe) , sans jamais payer d’impôt , ni se déclarer , venir y vivre la belle vie sans payer de taxe , en faisant jouer leur privilège de blanc et donc maintiennent les dynamiques de puissances , et ensuite sont plus occupées à bien se faire voir qu’à réellement aider les populations . Dans le cas du volontourisme par exemple, on va plus privilégier une aide qui va nécessité la venue constante du sauveur blanc (et ainsi maintenir les populations aidées dans un état de dépendance), plutôt qu'un moyen qui peut réellement aider les populations , ils vont préférer construire un puit électrique pour fournir les populations en eau mais ce puit va nécessiter leur aide encore et encore pour l'entretien par exemple plutôt que de construire un puit manuel qui pourra être entretenu par les locaux). Scolariser des enfants pendant 18mois , supposent que l'aide du sauveur sera constamment requise pour que l'enfant soit maintenu scolarisé , plutôt que d'agir pour une école gratuite ou des profs qui pourraient venir assurer les cours de façon bénévole . 

*Le complexe du sauveur blanc désigne des représentations biaisées d’occidentaux se considérant comme légitimes à aider des populations du Sud sans connaissance particulière du contexte ni compétence spécifique. Une partie de la justification de ce complexe repose sur une vision altruiste et civilisatrice (comme scolariser des personnes du SUD inspirant la pitié).#IG: @sansblancderien

Même si ces actions sont pleines de « bonnes intentions » le poids de leur impact négatif est beaucoup plus lourd que le bien qu’elles croient faire , en ce qu’elles maintiennent des dynamiques de pouvoir d’un système oppressant pour notre culture et nos populations.

Si vos voyages en Afrique sont pour avoir de belles anecdotes a raconter à votre retour , de belles photos Instagram avec des locaux et des enfants dont vous ne respectez pas le droit d’image , pour y exploiter un aspect de leur culture en voulant le commercialiser etc. .. Poser vous quelques questions.

Attention , personne ne dit que les personnes blanches ne devraient pas utiliser de mbootù ou le partager , non . On dit que si vous le faites reconnaissez la culture dont la pratique est originaire , partager en post , en statut ou article sur votre blog pour parler des bienfaits , identifier des marques sénégalaise , guinéenne etc. pour acheter votre mbootù dans les commerces noires, de personnes issues de la culture et de grâce , n’exploiter pas notre culture.  Lorsque j’ai interpellé la marque en question pour parler du mbootù lors d'un de ses lives sur le fait que sa commercialisation par des personnes non noires relevaient de l’appropriation culturelle et que le mbootù obéit à des règles et n’est pas fait en wax , la réponse a été de sortir une nouvelle collection de mbootù en malikaane comme s’il s’agit d’un nouveau tissu. Cela ne règle pas le problème.

Si vous voulez participer à la scolarisation des enfants faites le par d’autres moyens (fundraising , militantisme pour la gratuité de l'école , construction d'ecoles , bénévolat pour assurer des cours ou  autres activités ) mais pas par la commercialisation et l’appropriation d’une culture qui ne vous appartient pas.

PS : si l’utilisation des mots Noir-e-s/ Blanc-he-s vous dérangent car vous « ne voyez pas les couleurs » sachez qu’en refusant de voir les couleurs vous ne pouvez pas voir (ni comprendre) les réalités des couleurs dominées. Si vous ne voyez pas les couleurs , vous ne pourrez pas reconnaitre que les noirs ont plus de difficultés à trouver un emploi ou un logement , qu'eux et les arabes sont plus sujets au contrôle au facies par la police, qu'ils obtiennent des peines plus lourdes que des blancs pour les mêmes délits, qu'ils ont moins de chance de poursuivre des études universitaires car ils seront orientés dans des filières professionnelles car jugés pas assez intelligents etc.. Refuser de voir les couleurs , c'est refuser de voir les difficultés liés à la couleur et rencontrés par ces personnes.

-Pour la seconde marque (IG : @ayonene_wax) son nom reprend celui d’une marque sénégalaise basé à Dakar et qui commercialise des mbootù (Fbook : Les mbotu de Ayonene) , son logo retranscrit une femme (blanche ?) qui porte son bebe au dos , tout comme la marque Sénégalaise dont le logo représente une femme aux cheveux crépus qui porte son bébé au dos) et ses mbootù sont « made in France » allez chercher l’erreur.  Sa justification est : qu’elle est mariée à un sénégalais et a des enfants métisses et que le jour de son mariage religieux elle a porté un boubou traditionnel tout comme son mari, qu’elle aime la culture sénégalaise et veut la faire découvrir en fabricant elle aussi des mbootù en wax et en les commercialisant à 80Euros (52.400franc cfa). Elle prétend aussi que ses mbootù valorisent un « savoir-faire local » puisque fait et commercialisés en France par une Française avec même une version améliorée puisque celle-ci possède des sangles d’attache pour le rendre plus sûr  (car notre Mbootù traditionnel ne l’est surement pas assez, il fallait qu’une personne extérieure à notre culture le reprenne, l’améliore pour le rendre plus sûr et plus sécuritaire puis ensuite le commercialise sous le couvert d’un savoir-faire local). Et enfin , quand je l'ai contacté à ce sujet elle a répondu en post sur son compte que mon message est plein de haine car surement je suis traumatisée par ce que mes encetres ont vécus (je ne devrais surement pas?) et qu'elle a pris contact avec une association pour aider les senegalais (sauveur blanc encore?).

Je ne sais pas vous mais cela me fait penser à l’histoire de l’appropriation culturelle du Mah jong par ces trois femmes blanches américaines qui ont décidé de commercialiser des sets de Mah jong (jeu de stratégie chinois) à + de 400 dollars US car elles ont décidé de le rendre plus fun et plus accessible, en les modifiant et enlevant toute les inscriptions qu’elles ont considérés inutiles et l’ont ainsi « amélioré ».

 Ensuite, cette utilisation du mari noir/sénégalais pour justifier une appropriation culturelle est plus qu’offensante.

Avoir un-e époux-se  noir-e ou des enfants métisses ne fait pas de vous une personne noire : vous ne rencontrerez jamais les problèmes (liés à la couleur de peau et à l’origine) que votre  époux / épouse noire va rencontrer dans sa vie (racisme ordinaire , racisme systémique et structurel , freins sociaux- professionnels , intégration etc..). Cela vaut aussi pour ceux qui ont des comportement ou actes racistes et qui disent : « ah non moi je ne suis pas raciste j’ai un ami/collègue/ beau frère/ belle sœur  noir » . Ces personnes noires dans votre entourage ne vous servent pas de bouclier pour justifier des comportements racistes.

Au lieu d’utiliser ces personnes comme bouclier , éduquer vous sur les différentes formes de racismes , et comment vous pouvez (ou avez pu) y contribuer sans le savoir ou alors que vous partiez d’une bonne intention (faire un compliment ou apprécier la culture d’une population dominée).

Epouser une personne noire n’est pas un acte de bonté ou de charité, ni même la matérialisation de votre ouverture d’esprit ou du fait que vous soyez quelqu’un de bien. Non c’est humain, car l’amour uni deux personnes qui ont de l’affection l’une pour l’autre sans tenir compte de l’Age , des croyances religieuses, politiques ou philosophiques, de l’origine ou de la couleur. Donc être avec une personne noire ne vous rend pas (systématiquement) consciente du racisme et de la hiérarchisation des races dans nos sociétés car oui les blanc-he-s et les Noir-e-s ont bien une place distincte dans la hiérarchie sociale en France (comme partout ailleurs). La race est une construction sociale avant tout et  il est nécessaire de se situer (savoir quelle est sa place dans les rapports de pouvoir dans la société) pour la déconstruire et décoloniser nos esprits de ce que l’on pense savoir connaitre.

Et portez des habits traditionnels africains lors de cérémonies ,cuisiner des plats africains etc dans le cadre d’échange culturelle , ou écouter de la musique afro etc .. n’est pas de l’appropriation culturelle mais de l’appréciation culturelle. Le pire dans tout ca, c’est que lorsque l’on vous interpelle à ce sujet , au lieu d’essayer de comprendre le pourquoi , vous fermez les yeux et c’est à nous de vous apprendre quelle est la différence entre appropriation et appréciation culturelle , rajoutant ainsi à notre charge mentale et notre charge raciale.

Monétiser la culture d’une population dominée n’est pas une opportunité entrepreneuriale à saisir . Vendre des mbootù en les faisant en wax (ou même en malikaane) pour qu’ils soient plus cool et plus africain et donc puisse générer de meilleures ventes est un classique de l’appropriation culturelle, du privilège blanc que vous avez, de la mentalité coloniale* (je peux prendre , donc je prend et fait du profit / je sais mieux que vous comment exporter telle chose donc je le fais ) et de la condescendance  (même si le  wax n’est pas un tissu africain , mais hollandais dont 90% des revenus reviennent à l’entreprise hollandaise qui ne fait autant de profit que parce que les africains sont les plus grands consommateurs de wax depuis que ce tissus nous a été imposé pendant la colonisation et que nous avons fini par adopter).

« *Quand on parle de mentalité coloniale, cela peut paraitre choquant ou brut , mais il est important de retenir qu’il ne s’agit pas d’un terme qui a cessé d’avoir un sens dans le passé. Coloniser , c’est déposséder. L’autre est dépossédé de sa terre, ses ressources, sa culture, son savoir, son identité etc.. Cette perte ne se fait pas sans douleur ni sans souffrance et ce , peu importe les intentions de celles et ceux qui dépossèdent, il s’agit d’un acte brutal et violent qui marque les corps et les esprits des dépossédés.

Ce processus de dépossession évoque une séquence coloniale qui d’une main dépossède pour de l’autre re-posséder et s’approprier et c’est ainsi que l’on peut mieux saisir le mal de l’expropriation-appropriation culturelle comme procédant de la même séquence coloniale. » #IG: @kimgun59 

Enfin, « inciter une personne à prendre la responsabilité de ses actes ressemble beaucoup à de  l’intimidation lorsque vous avez l’habitude d’être loué pour votre comportement nuisible. Nous pourrions vous adresser avec autant de gentillesse que possible et nos propos seront toujours étiqueté comme une  « attaque ». C’est le CONTENU qui vous pose problème , pas l’expression avec la quelle il a été fournit »  IG : @nowhitesaviors

Cette pétition , peut paraitre dérangeante ou offensante pour les personnes non noires qui ne comprendraient l’importance et l' impact de tout cela. D’autres penseront qu’elle est remplie de haine (car oui c’est connu quand les Noir-e-s revendiquent quelque chose ils sont en colère , ils ramènent toujours tout à la colonisation , à la race , au racisme etc…) mais si elle vous dérange et que malgré toutes ces explications vous ne comprenez pas qu’en tant que population dominante vous ne pouvez pas nous prendre des aspects de notre culture , continuer à nous exploiter et oppresser en faisant cela, en faire du profit , et que si vous êtes un consommateur vous avez un rôle a jouer dans tout ca , eh bien , si c’est le cas , demandez vous pourquoi ca vous dérange. Est-ce parce que cela a heurté votre sensibilité en tant que personne Blanche ? Est-ce que c’est parce que ça fait allusion a vos privilèges ? Est-ce que c’est parce que c’est en contradiction avec ce que vous pensez déjà savoir , ce en quoi vous croyez ? Et réfléchissez y un moment.

En Conclusion que retenir ?

En tant que membres d’une population dominante , vous pouvez adopter les coutumes de populations dominées sous le cadre de l’appréciation culturelle, en respectant la culture. Pour cela , en tant que consommateurs vous avez un rôle à jouer : obtenir vos mbootù par des entreprises/ boutiques noires issus de la culture d’origine qui vont produire des mbootù en accord avec leur culture et tradition. Cela vous permettra de favoriser l’essor économique de ces populations tout en respectant leur culture. Par contre, prendre un élément de cette culture pour la vulgariser et en faire du profit sur le dos des populations de ces cultures par ce que c’est cool et que vous pensez pouvoir mieux transporter cette culture que les populations concernées , là c’est plus qu'irrespectueux (meme si cela part d'une bonne intention) .

 

Vous pouvez promouvoir ce type de portage mais il est encore plus important de promouvoir les commerces des gens issus de cette culture et qui le proposent. Donc favorisez un système horizontal pour revendre vos Mbootù si vous souhaitez le partager ou l’exporter , achetez les chez personnes issues de la culture ou du continent où les locaux . N’utilisez pas un schéma vertical avec vous tout en haut de la pyramide et les locaux tout en bas . Voilà comment exporter une culture de façon éthique et juste. 

En 2018 lorsque la marque espagnole Zara s’est rendue coupable d’appropriation culturelle quand elle a commencé à commercialiser des chaussettes reprenant les motifs de la culture Xhosa d’Afrique du Sud, la marque a eu la décence de retirer ces chaussettes de ces sites internet et des rayons de tous ces magasins à travers le monde lorsque les internautes le lui ont signalé.

Lorsque vous vous appropriez la culture de populations dominées pour en tirer profit les excuses et les bonnes intentions ne suffisent pas à réparer le tort que vous faites , acceptez de prendre action et d’arrêter de commercialiser des mbootù lorsque vous n’êtes pas issues du continent , ni Noir-e. Tout le monde est libre de faire ce qu’il veut , mais ce que l’on vous demande c’est de réfléchir à vos actions et leur conséquences. On vous demande aussi de nous écouter : lorsque vous avez en face des personnes issues de la culture dominée qui vous disent attention là c’est limite , ne vous bornez pas à vos « bonnes intentions » mais plutôt écoutez nous.

Nous demandons donc aux marques sur instagram @mylittleannanas et @ayonenewax  , de retirer de leurs ventes les mbootù ou de s’approvisionner par un systeme horizontal comme décrit ci dessus par respect pour les sénégalais et les africains en général  et par respect pour notre culture .

 

Par Mme Adama SOW (IG : adama_sewa)

Noire, Africaine et citoyenne Sénégalaise

@imanisewa: Mbootù authentiques du Sénégal 


(crédits et références dans la mise à jour en bas de la pétition) 

 

 

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