Pour une Allocation adulte handicapé (AAH) plus juste

Pour une Allocation adulte handicapé (AAH) plus juste

Lancée le
14 mai 2020
Adressée à
Sophie Cluzel et
Pétition fermée
Cette pétition avait 929 signataires

Pourquoi cette pétition est importante

Madame la Secrétaire d'Etat, Monsieur le Président, Messieurs Les Ministres, Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

Permettez-moi aujourd'hui de vous contacter au nom des personnes atteintes de handicap, comme moi, qui se trouvent dans des situations extrêmement compliquées à plusieurs niveaux que je vais vous expliquer.

En effet, les personnes atteintes de handicap ou de polyhandicaps très contraignants (dont je fais partie), et ce malgré tous leurs efforts et des luttes parfois sur de nombreuses années (pour moi plus de 10 ans de calvaire) se trouvent dans la très grande difficulté voire l'incapacité de trouver un emploi. Ces personnes n'ont malheureusement souvent comme unique revenu l'Allocation adulte handicapé (AAH) et ne peuvent prétendre à aucune autre aide financière ou aucun autre revenu car leur(s) handicap(s) sont très contraignants, comme je vous le mentionnais plus tôt, et ne rentre(nt) dans aucune case. Ceci interdit donc à ces personnes (comme c'est d'ailleurs aussi mon cas) de pouvoir prétendre à une aide financière quelconque autre de la part de la CAF ou de la CPAM (n'ayant pas assez cotisé par exemple, faute de réussir à trouver un emploi qu'elles peuvent réaliser). Et pourtant, Madame la Secrétaire, Monsieur le Président, Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, ces personnes se battent tous les jours avec leurs contraintes, leurs douleurs, les problèmes que cela engendre. Ces personnes dont je fais partie se débattent jour après jour auprès des institutions à la recherche de possibilités d'emploi compatibles avec leur(s) handicap(s) ou d'aides.

Pour ma part, sachez que cela fait une dizaine d'année que je me bats sans relâche, que je lutte pour trouver un emploi réalisable car étant malvoyante et ayant d'énormes contraintes à cause de mes problèmes de vue envahissants et déjà compliqués à gérer parfois aussi dans ma vie privée, cela est devenu de plus en plus difficile pour moi de trouver quoi que ce soit de réalisable. Même les ophtalmologues semblent défaitistes quant à ma recherche d'emploi et certains pensent qu'il sera toujours vraiment difficile pour moi de trouver un emploi voire impossible. Et pourtant, je ne baisse pas les bras, comme beaucoup d'autres personnes qui sont certainement dans mon cas. Je continue à essayer de m'accrocher, à rechercher, grâce à différents organismes qui pourraient m'aider à trouver quelque chose. Et je vous assure que tout cela n'est en rien une partie de plaisir, je sais que je suis loin d'être la seule à pouvoir vous dire cela.

Oui, Madame la Secrétaire d'Etat, Monsieur le Président, Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, pour reprendre votre expression, Monsieur le Président, il s'agit là aussi d'une guerre. Une guerre silencieuse, des personnes de l'ombre, dans la souffrance et malheureusement très souvent dans l'échec. Vous souhaitez nous aider, vous l'avez mentionné plusieurs fois, nous vous demandons aujourd'hui de vraiment agir comme vous nous l'avez promis. Car, actuellement, aucun réconfort n'est accordé à ces personnes qui mettent tout leur coeur et toute leur âme dans ce combat inégal et malheureusement souvent perdu d'avance. Nous sommes, pour une bonne partie, condamnés à dépendre de nos conjoints/conjointes pour le côté financier car dans l'incapacité malgré, je tiens encore une fois à appuyer dessus, tous nos efforts, nos souffrances, nos échecs, nos désespoirs, nos pleurs mais malgré tout notre combattivité pour gagner notre vie par nous-même. Mais cela ne suffit pas dans énormément de cas comme je vous le disais plus haut...

Alors, permettez-moi, Madame la Secrétaire d'Etat, Monsieur le Président, Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, de vous poser quelques questions. Pouvez-vous imaginer, vous mettre à notre place (les personnes handicapées en lutte pour notre indépendance financière) notre désarroi, notre fatigue voire même épuisement émotionnel, psychologique dus à nos combats quotidiens pour vivre notre vie du mieux possible, pour vivre avec des handicaps compliqués, douloureux, difficiles à vivre et même à supporter parfois ? Pouvez-vous vous mettre à notre place et imaginer l'estime de soi que nous pouvons ressentir déjà par le fait de porter ces handicaps et d'autant plus par le fait d'avoir notre seul revenu possible qui dépend des ressources financières de notre compagnon/compagne ? Nous sommes des personnes déjà pour la plupart fortement dépendantes de beaucoup de choses dont l'aide humaine de nos compagnons/compagnes, familles même et cela, je vous l'assure est déjà fortement difficile à vivre. Depuis quelques années, à présent, les personnes comme moi et beaucoup d'autres, qui ne parviennent pas malgré toute leur énergie, leur lutte, leurs efforts, à trouver des possibilités d'emploi, se voient en plus dépendre même financièrement de leur compagnon/compagne puisque le montant de leur AAH est calculé en fonction du revenu de ceux-ci. Pouvez-vous imaginer l'humiliation que cela nous fait subir, le sentiment d'impuissance, de nullité, de poids qui s'impose à nous ? Comment pouvons-nous nous considérer comme des êtres humains "normaux" dans de telles conditions ?

Nous ne demandons pas l'impossible, nous demandons juste plus de justice, d'équité, nous demandons juste de pouvoir à nouveau nous regarder dans un miroir en se disant : "Moi aussi je contribue un peu à la finance de mon foyer, je ne suis pas un boulet à traîner, à entretenir". Nous demandons juste de l'équité, de la dignité, de la décence. Psychologiquement, nous avons besoin, comme tout être humain, de cela. Malheureusement, pour certains d'entre nous, comme moi, ce n'est possible qu'avec l'AAH et personnellement, je ne touche que 247 euros... Que pensez-vous que ça couvre dans les dépenses d'un couple ? Même pas un loyer, même pas beaucoup de courses... Je sais que vous pouvez comprendre notre demande, car je vous rappelle que je ne parle pas qu'en mon nom, je pense aussi aux autres personnes qui sont dans ma situation et qui ressentent les mêmes choses que moi et je vous demande humblement de vous mettre à notre place. Imaginez-vous que le handicap n'est déjà pas une chose facile à supporter en elle-même...

C'est pourquoi, je viens vous demander, en mon nom et celui des autres personnes handicapées, de repenser le principe même du versement de l'AAH aux personnes handicapées. En effet, nous avons besoin d'elle, pour toutes les raisons que je vous ai exposées plus haut. Nous avons besoin d'elle dans sa totalité lorsque nous ne travaillons pas. Je ne vous demande pas de ne pas tenir compte des propres revenus salariés de la personne handicapée car j'estime qu'il est normal, si la personne travaille, qu'elle touche moins d'AAH. En revanche, il est pour moi anormal, inconcevable voire inhumain (et je sais que je suis loin d'être la seule à le penser car même des personnes "valides" le pensent aussi et nous soutiennent dans notre demande) de calculer le montant de l'AAH par rapport aux revenus du conjoint ou de la conjointe. L'AAH devrait être un dû à la personne handicapée. Il s'agit, comme déjà dit, pour beaucoup d'entre nous, de notre seule possibilité de revenu et cela devrait en être ainsi, considéré comme un revenu complet pour la personne et non d'un complément de ressources pour le couple ou la famille. Nous demandons donc à ce que les personnes handicapées puissent toucher l'intégralité de l'AAH lorsqu'elles ne travaillent pas (je vous le rappelle, ce n'est pas par choix pour la plupart), quel que soit le revenu de leur foyer (conjoint, conjointe, famille).

Nous demandons par là de la reconnaissance, nous sommes des êtres humains et dépendre de quelqu'un ou d'aides est déjà assez difficile à supporter comme ça mais dépendre en plus financièrement de sa famille ou de son/sa conjoint/conjointe, cela est insupportable, cela nous enfonce, nous déprime. Comment pouvons-nous avoir une bonne estime de nous ?

Je, nous vous en prions, ceci est vraiment une prière, une demande extrêmement importante pour notre bien-être psychologique, je sais que vous pouvez le comprendre, de ne plus faire dépendre le montant de l'AAH des revenus du foyer. Nous vous en supplions, écoutez notre voix et aidez-nous, comme vous l'avez promis.

Nous ne demandons rien de plus qu'un peu plus de dignité, de décence et d'humanité envers nous.

Je sais et j'espère que mon cri du coeur sera soutenu par de nombreuses personnes et espère sincèrement qu'il contribuera à faire évoluer les choses positivement pour nous.

Nous vous remercions de l'intérêt et de l'attention que vous porterez à notre demande sincère et nécessaire. Nous sommes des êtres humains, nous aussi et nous avons le droit à un salaire (AAH complète au moins) quand nous ne pouvons ou ne travaillons pas.

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