Renforcer l'enseignement des sciences de la vie et de la Terre!

Renforcer l'enseignement des sciences de la vie et de la Terre!

Lancée le
15 mars 2022
Signatures : 5 662Prochain objectif : 7 500
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par Mathilde B.

“Chers parents / collègues / citoyens, nous, enseignants de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) sommes inquiets pour l’avenir de nos jeunes.

Alors que le monde est confronté à des problématiques sanitaires et environnementales majeures, l’enseignement proposé au collège et au lycée ne permet plus de former correctement vos enfants / nos élèves à ces sujets fondamentaux et de leur donner les moyens d’agir en tant que citoyens responsables.

Nous avons donc besoin de vous, afin d’alerter sur l’importance pour chaque élève de bénéficier d’un enseignement suffisant en SVT grâce à l'adaptation des programmes, des modalités d’organisation et des volumes horaires alloués à notre discipline. Nous vous encourageons vivement à partager cette pétition auprès de votre entourage.

Voici ci-dessous le courrier qui sera adressé aux instances dirigeantes.”

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, Monsieur le Directeur général de l'enseignement scolaire, Mesdames et Messieurs les Inspecteurs,

    Nos sociétés font face à une crise climatique et écologique sans précédent. De plus, la pandémie que nous vivons montre à quel point les citoyens ont besoin d’être suffisamment formés et éduqués sur les problématiques sanitaires et environnementales pour pouvoir saisir les enjeux et comprendre l’intérêt des mesures que les politiques sont amenés à prendre. La montée des mouvements climato-sceptiques et anti-vaccinations sont d’ailleurs le reflet d’un manque réel de connaissances scientifiques au sein de la population.

    Or, avec les différentes réformes mises en place au collège sous le précédent gouvernement, et au lycée sous le gouvernement actuel, l’enseignement des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) ne permet plus de former correctement nos jeunes sur ces sujets fondamentaux. Ce constat est partagé par de nombreux membres de la communauté scientifique [1].

Les réformes ont conduit, dans l’enseignement des SVT, à la diminution du nombre de spécialistes et à une formation généraliste inadaptée

    Alors que 52% des bacheliers généraux suivaient un enseignement en SVT conséquent avec la précédente filière S, cette proportion tombe aujourd’hui à 25% seulement de spécialistes avec la réforme du lycée et le choix des spécialités [2]. Pourtant, d’après un dernier rapport de l’inspection générale [3], de nombreux emplois sont et seront à prévoir dans les secteurs des sciences de la vie et de la Terre (notamment dans l’agroalimentaire, les agro-industries, la médecine, les bioindustries, les industries de la santé, …), d’où la nécessité de former suffisamment de jeunes, ce qui passe par une formation initiale suffisante et de qualité permettant de créer l’appétence pour ces domaines.

    En ce qui concerne les élèves qui ne choisissent pas la spécialité SVT en première, ils ne recevront plus, dès l’âge de 15 ans, qu’une heure d’enseignement dans cette matière dans le meilleur des cas dans le cadre de l’enseignement scientifique, avec un programme en partie inadapté à la compréhension de problèmes majeurs.

La dernière fois qu’un de ces élèves apprendra comment fonctionne son système immunitaire et l’intérêt de la vaccination sera en 3ème, c’est-à-dire à 14 ans. La dernière fois que lui sera expliqué le fonctionnement des appareils reproducteurs sera en seconde, à 15-16 ans, en plein début de sa vie amoureuse. Pendant le reste de ses années de lycée, aucune possibilité de répondre à des questions cruciales sur ces sujets ne lui sera offerte dans le cadre des enseignements : ni sur les modalités de fonctionnement de son corps et de celui du sexe opposé, ni sur les méthodes de contraception ou contragestion, ni sur les problématiques liées aux maladies sexuellement transmissibles (VIH et autres) [4]. Les problèmes liés aux stéréotypes de genre ne pourront être retravaillés après la seconde alors que c’est pourtant une priorité affichée au niveau politique [5]. Seuls les élèves ayant suivi l’enseignement de spécialité SVT seront à même de comprendre les vaccins à ARN qui sont à la une de l’actualité. Les autres n’auront jamais entendu parler de cette notion de génétique puisqu’elle ne se trouve ni en 3ème, ni en seconde, ni dans l’enseignement scientifique de première ou terminale.

De plus, ces élèves ne recevront aucune formation de base sur le fonctionnement de leur cerveau, les mécanismes de la communication nerveuse en général et de l’apprentissage, alors qu’un bagage minimal en sciences cognitives permettrait au plus grand nombre de mieux aborder la fin des années lycée et l’entrée dans des études supérieures, quelle que soit la filière choisie. Les conséquences des conduites à risque accompagnant malheureusement la vie de nombreux adolescents (comme les impacts des drogues sur le cerveau) devraient également faire partie de la formation de base essentielle de tout adolescent via le programme de SVT en complément du plan d’éducation à la santé [6]. Ce n’est actuellement pas le cas.

    Quant aux problématiques liées au climat, il est urgent de leur redonner une place majeure dans l’enseignement quand tous les rapports des experts scientifiques nous alertent et de nombreux indicateurs sont au rouge. Alors que les catastrophes naturelles se multiplient, les élèves abordent l’origine de ces risques et les conduites à tenir pour la dernière fois au collège. Les notions complexes liées au climat, les connaissances sur les différentes sources d’énergie et la compréhension de l’effet de serre, qui faisaient auparavant partie du programme de seconde, ne sont presque plus enseignées aux élèves de lycée pour ceux qui ne prennent pas l’enseignement de spécialité. Cela fait bien partie de l’enseignement scientifique en terminale mais le sujet est vaste et complexe : est-ce qu’une heure par semaine sur quelques séances pendant moins d’un trimestre permet vraiment de former des citoyens éclairés ?

Les modalités d’enseignement des SVT sont devenues inadaptées pour apprendre à observer, se questionner, expérimenter 

    Les dédoublements de classes sont essentiels pour que les élèves puissent expérimenter, prendre le temps d’observer, et développer leur esprit critique. Ils sont d’ailleurs recommandés dans les textes officiels au collège et au lycée (SVT et enseignement scientifique compris). Pourtant, leur mise en place n’est plus garantie. Ils sont en effet devenus facultatifs et mis en place en fonction des contraintes budgétaires imposées aux chefs d’établissement, ce qui rend la mission des enseignants en SVT d’autant plus difficile.  

    En outre, il y a quelques années, l’enseignement des SVT en seconde a même subi une coupe dans ses horaires passant pour chaque élève de 2,5h à 1,5h par semaine (auparavant 1,5h par semaine en groupe et 1h par quinzaine en classe entière ; contre seulement 1,5h par semaine, de plus en plus en classe entière dans les établissements). Pourtant, les notions à aborder sont complexes et le programme ambitieux. Face à la nécessité de faire des choix de spécialités en première, il nous semble aussi nécessaire de remettre les deux sciences expérimentales (les SVT et les SPC : Sciences Physiques et Chimiques) sur un pied d’égalité en terme horaire en seconde afin de donner les mêmes chances d’intéresser nos jeunes à chacune des matières et de les attirer vers des filières scientifiques qui leur correspondent le mieux.

    Avec des classes de 30 élèves qui sont devenues la norme au collège, voire jusqu’à 35 au lycée, et la multiplication des élèves à besoins particuliers au sein de ces classes, il nous est aujourd’hui impossible, sans ces dédoublements, de permettre aux élèves d’avoir une formation scientifique de qualité et d’acquérir toutes les compétences et connaissances essentielles à chaque futur citoyen, malgré toute notre implication et notre bienveillance.

    Nous, enseignants de SVT, sommes inquiets pour notre métier: les réformes successives l’ont mis à mal et bon nombre d’enseignants, pourtant passionnés, s’épuisent à essayer de former au mieux les jeunes avec de moins en moins de temps et des conditions inadéquates pour enseigner une science qui se doit d’être expérimentale, comme le préconisent les textes.

    Nous sommes également très inquiets pour nos jeunes qui ne sont pas suffisamment formés pour faire face à la complexité du monde dans lequel ils vivent. L’école doit permettre aux élèves de devenir des citoyens éclairés, ce n’est plus le cas. Beaucoup utilisent les réseaux sociaux et ont tendance à croire davantage leur influenceur préféré et les “faits alternatifs” ou “fake news” que leur professeur de sciences, ce qui est alarmant.

Il est urgent d’agir !

Afin de redonner une place correcte à cet enseignement essentiel et garantir une formation scientifique minimale pour tous les jeunes, il faudrait de toute urgence :

➢ rétablir le dédoublement systématique des classes chaque semaine et une heure de quinzaine obligatoire sur tous les niveaux au collège et au lycée pour, comme le préconisent les programmes, privilégier la démarche expérimentale et d’investigation, qui permet de réellement former à la démarche scientifique.

➢ proposer un enseignement obligatoire de SVT jusqu’en terminale pour tous les élèves, abordant les questions essentielles de santé et d’environnement. Aujourd’hui le tronc commun de première et de terminale porte sur 11h30 à 12h obligatoires d’enseignements littéraires et linguistiques, contre 2h seulement d’enseignement scientifique (partagé entre 2 ou 3 matières).

➢ revoir le contenu de certains programmes :

- redonner une place aux approches naturalistes dans l’ensemble des niveaux pour sensibiliser au plus tôt les jeunes à la nature et à sa préservation pour faire face à la crise de la biodiversité que nous vivons, d’autant que la gestion de la nature est et sera de plus en plus source d’emplois [7].

- remettre les problématiques liées au climat dans la formation généraliste au lycée dès la classe de seconde;

- si l’enseignement scientifique au lycée demeure, reconsidérer le contenu du programme pour en faire une formation généraliste de base pour tout lycéen : remettre de la génétique simple (pour comprendre, entre autres, les notions d’ADN, d’ARN, …) dans la suite du programme de 2nde sur la compréhension du fonctionnement de la cellule vivante ; aborder de nouveau le fonctionnement du système immunitaire et l’importance de la vaccination ; apporter les connaissances fondamentales du fonctionnement du corps humain et la maîtrise de la procréation pour permettre une éducation de base à la sexualité; former et informer sur les conduites à risque et les conséquences sur le cerveau, le corps, l’environnement ; aider à mieux appréhender la place des humains dans leur environnement et leurs impacts sur le système climatique afin d’initier, chez le plus grand nombre, des comportements écoresponsables.

➢ vérifier l’adéquation entre temps d’enseignement alloué et contenu scientifique à aborder à l’heure où les neurosciences cognitives nous éclairent sur les modalités efficaces d’apprentissage.

Vous remerciant de l’attention portée à ce courrier et de la suite que vous pourrez donner dans l’organisation des enseignements de SVT au collège et en lycée afin de redonner à cette matière une place permettant d’offrir une formation scientifique initiale suffisante à chaque futur citoyen, nous vous adressons nos sincères salutations.                              

Des enseignants de SVT, avec le soutien des parents d'élèves et d'autres citoyens


[1] https://www.lejdd.fr/Societe/info-jdd-des-chercheurs-de-renom-appellent-a-revoir-la-place-des-svt-dans-la-reforme-du-lycee-4094885.amp et ce, déjà depuis 2020 : https://www.lemonde.fr/education/article/2020/06/15/face-a-la-crise-sanitaire-et-aux-defis-environnementaux-renforcer-l-enseignement-des-sciences-de-la-vie-et-de-la-terre_6042943_1473685.html
[2] https://etudiant.lefigaro.fr/article/des-scientifiques-s-inquietent-sur-le-manque-de-cours-de-svt-au-lycee_52e30f28-93bb-11ec-a68e-efc7464f058e/?fbclid=IwAR18KoIUUVKzjZgI0yo0q5iAgm0zldh0OshaQDPkMumSUW8Y6rN3awKiamE “Ainsi, le nombre d’élèves suivant des cours de SVT a chuté de moitié depuis la réforme du bac”
[3] https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/la-formation-initiale-l-aune-des-nouveaux-defis-scientifiques-technologiques-environnementaux-et-82978

[4] même si tous les établissements doivent mettre en œuvre le plan d'éducation à la sexualité à hauteur de 3 séances/an pour tous les élèves, hors programme de SVT (https://www.education.gouv.fr/bo/18/Hebdo33/MENE1824340C.htm), ce n’est malheureusement pas le cas: https://www.liberation.fr/societe/sexualite-et-genres/education-a-la-sexualite-lecole-pudique-20220202_B3Y6XP7W2FBKVPTHNZKS6U7RU4/
[5] https://eduscol.education.fr/1629/egalite-filles-garcons-et-prevention-des-violences-sexistes-et-sexuelles et https://www.education.gouv.fr/mesures-en-faveur-de-l-egalite-fillesgarcons-au-lycee-general-et-technologique-un-plan-d-actions-325610
[6] https://eduscol.education.fr/2031/comment-aborder-la-prevention-des-conduites-addictives-l-ecole “au moins une séance annuelle d’informations et de prévention planifiées dans l’emploi du temps des élèves” (hors enseignement de SVT) qui n’est malheureusement pas suffisamment mis en place
[7] https://ent-apbg.org/docs/ChoisirSVT_choisir_societe_demain.pdf

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