Monsieur le Premier ministre,

Directeur - directrice des soins, nous refusons d’être les invisibles de la réforme de la haute fonction publique.

Depuis des années, l’effectif des directeurs des soins diminue par manque d’attractivité et d’action des pouvoirs publics. Il s’ensuit la multiplication des charges pour ceux qui restent, et des « faisant fonction » dans les hôpitaux dépourvus.

Nous pilotons au sein de la direction des soins, tous les paramédicaux et l’encadrement afférent. Nous pouvons exercer comme nos autres collègues directeurs adjoints sur plusieurs établissements et avoir la responsabilité de directions fonctionnelles. Nous pouvons également être en direction et en coordination de plusieurs instituts de formation dans les établissements ou sur les territoires, ou encore avoir la double casquette de la gestion des soins et de la formation.

À la suite du SEGUR de la santé, une revalorisation statutaire à la hauteur des responsabilités assumées nous a été refusée.

L’administration a alors objecté que nous ne relèverions pas de la « catégorie A+ » comme les autres membres des équipes de direction, bien que nous en faisons concrètement partie. Pour autant, cela n’a pas fait obstacle à la revalorisation récente du statut des ingénieurs qui travaillent dans les mêmes équipes et connaissent les mêmes difficultés de recrutement.

Quels sont les causes d’une telle discordance de traitement ?

- Est-ce parce que l’expérience et l’expertise du soin et du management des organisations sont moins importantes dans la direction d’un hôpital ou d’un institut de formation que l’expertise technique ? Absurde.

- Est-ce parce que notre corps professionnel est majoritairement féminin et ne fait pas de bruit ? Vieux réflexe, et cela doit changer.

- Est-ce parce que vos administrations ne connaissent pas de corps équivalent dans leur secteur ? Précisément, nous demandons une transposition adaptée au versant hospitalier, et entendons que notre rôle soit reconnu.

Dans le même temps, nous voyons se multiplier les signes négatifs, comme le retard apporté aux corrections des erreurs du statut d’avril 2022, pourtant reconnues par l’administration. Des décisions récentes qui concernent le cursus de formation des DS à l’EHESP démontrent la volonté du gouvernement d’invisibiliser les DS de la haute fonction publique. Elles manifestent le non-respect des engagements pris par l’Etat de réduire les écarts entre les corps de direction de la FPH.

Nous ne voulons plus entendre de propos lénifiants ni de discours compatissants. Nous voulons des actes.

Monsieur le Premier ministre, vous devez intervenir pour remettre la réforme de la haute fonction publique dans le droit chemin.

Le corps des directeurs des soins doit progresser de concert avec les autres corps de direction des trois versants de la fonction publique.

Je vous prie de croire, Monsieur le Premier ministre, en l’assurance de ma plus haute considération.