Deux Millions de signatures en faveur du Dialogue

Deux Millions de signatures en faveur du Dialogue

Lancée le
6 septembre 2022
Signatures : 661Prochain objectif : 1 000
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par Mamadou DIALLO

                   Une version Audio de la Pétition est disponible ICI

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Appel pour « Deux Millions de signatures » en faveur du Dialogue à l’attention du JNIM et de l’État burkinabè.

Les agriculteurs et les éleveurs représentent près de 80% de la population du Burkina. Si l’on considère ceux des leurs qui sont contraints de quitter leurs villages et de migrer vers les villes et qui y vivent de petits métiers informels comme on dit, alors il faut admettre que le monde paysan fait le Burkina Faso.

Alors pourquoi, leur Vision du monde, leurs Modèles d’organisation du Politique, de l’Economie, de l’Education, de la Solidarité, de l’Accueil, de l’Hospitalité et de Gestion des conflits sont-ils si ignorés si non méprisés ? Au point que pour l’essentiel, les lois de l’Etat, les mettent hors-la-loi en prenant pour cible leurs traditions ancestrales auxquelles ils tiennent comme la prunelle de leurs yeux. Ce faisant la majorité des populations burkinabè vivant dans les villages et ceux des leurs qui vivent en ville continuent à observer très largement leurs traditions et coutumes à l’occasion de l’essentiel de leur vie culturelle, institutionnelle, sociale et économique.

Au fond le modèle de l’Etat actuel est celui que le Colon a mis en place afin de civiliser comme il disait l’Africain et qu’il a légué à ceux qu’il a initié au « Toubabouya » ; c’est son mode de pensée et de vie, d’organisation et gestion des sociétés que de nos jours son modèle d’éducation par l’école reproduit afin de faire vivre à ceux qui nous gouvernent et particulièrement à l’élite urbaine et à notre jeunesse de l’illusion que nous, africains, pourrions rêver de Toubabouya.

Le monde du Toubabouya dit que l’homme pour être heureux, vivre d’abondance et de liberté doit se faire maître et possesseur de la nature ; cela est sans doute contre nature car l’homme est lui-même un produit de la nature qui lui a préexisté et cela depuis la nuit des temps et qui lui survivra sans aucun doute.

Voilà pourquoi, l’homme noir qui a été le premier homme sur cette terre, qui a inventé la sagesse, dit que la société doit s’efforcer de faire en sorte que notre vie en tant qu’homme soit en harmonie avec ce qui a existé avant lui, existe sans sa volonté et nous rendra digne de la vie éternelle dans l’au-delà grâce à la bénédiction de nos ancêtres que nous vénérons et implorons de diverses manières.

La vie s’est chargé de mettre en évidence l’impossibilité de ce mouvement contre-nature du monde du Toubabouya dans lequel il souhaite entrainer le monde afin d’assurer l’abondance et la liberté pour moins de 5% de la population mondiale.

En effet pour cela, il faut toujours perfectionner les moyens et l’art de faire la guerre et donc toujours faire la guerre ; il faut toujours perfectionner les moyens et l’art de faire l’abondance en pillant et gaspillant les richesses du monde ; il faut toujours perfectionner les moyens et l’art de la liberté en faisant en sorte que l’on ne puisse plus distinguer un homme d’une femme, qu’un homme puisse épouser un autre homme, en faisant qu’une femme puisse épouser une autre femme et que de tels couples, somme toute normaux selon le monde du Toubabouya, puissent avoir des enfants ; comment ? viendra peut-être le temps où  le monde du Toubabouya pourra industrialiser et encadrer en toute légalité et humanité la fabrication des enfants et en assurer la vente dans des super et hyper marchés singuliers en tenant compte du goût de chacun.

Il faut en convenir, le devenir Toubabouya du monde conduira si on ne l’endigue pas de manière déterminée et efficace, à la destruction de la Terre, à une dépravation innommable de l’humain et à l’extinction de l’humanité.

Comme chacun le sait depuis 2015, le Burkina comme d’autres pays voisins et frères, vit une insécurité portée par des mouvements Djihadistes qui disent-ils, veulent par le Djihad des armes extirper le Toubabouya de nos vies.

Ainsi, dans nombre de zones sous leur contrôle, après avoir œuvré au départ des services de l’État, nos frères affiliés au JNIM ont engagé des modalités de gouvernement indirect des populations sur des thématiques diverses : gestion du foncier rural, agriculture, élevage, pêche, chasse, exploitation minière, commerce, justice, impôts (Zakat), pratiques religieuses, levée de troupes, police etc.

Sur l’ensemble de ces thématiques, il ne faut pas se voiler la face, l’État que nous a légué le monde du Toubabouya après la colonisation n’est pas à la hauteur de nos espérances.  

 Assurément, le lot quotidien des populations notamment en milieu rural c’est l’injustice institutionnalisée, la violence de l’Etat, les conflits communautaires autour de la gestion des ressources naturelles, la corruption des élites urbaines occidentalisées, des aristocraties traditionnelles et religieuses, le risque réel pour la jeunesse de sombrer dans les dérives sociétales portées par le monde du Toubabouya , les relents de l’esclavage  domestique et des discriminations de castes qui sont encore vivaces dans certaines communautés, etc.

Résultat : le bon sens paysan et sa résilience légendaire ont cédé la place aux insurrections villageoises contre l’État avec leurs nombreux insurgés paysans dont la détermination est sans équivoque face à des armées de métier et leurs soldats accomplissant leur devoir. Dans cette lutte féroce tout a été convoqué : crimes de masses, exécutions extrajudiciaires et sommaires sur fond de conflits communautaires et de stigmatisation attisés à souhait, déplacements massifs de populations, blocus alimentaire et isolement de nombre de villes, instrumentalisation du grand banditisme dans toute ses facettes. 

Chacun des camps dont chacun de nous est partie à un titre ou à un autre, compte ses morts, endure des souffrances innommables et sans doute se pose aussi la question à quand la fin ?

Il faut donc convenir qu’il est impossible par le Djihad des armes d’extirper le Toubabouya de nos vies et de Refonder notre vivre-ensemble, tout comme il est impossible à l’État d’endiguer, par la seule action militaire cette insécurité dans nos contrées.

Par cet Appel, nous, signataires de tous métiers, conditions sociales, croyances spirituelles et religieuses, vivant en milieu rural et en milieu urbain, voulons signifier qu’il est possible de sortir de cette situation et d’imaginer un autre avenir collectif en convoquant dans la recherche de solutions ceux qui en souffrent le plus et en silence : les communautés villageoises auxquelles il faut rendre l’initiative de conduire et de faire aboutir un dialogue fraternel avec nos frères affiliés au JNIM sur la modalité de Refondation de l’État au Sahel, en en donnant l’élan au Burkina.

Sans nul doute les termes du dialogue sont : la gestion du foncier rural, le développement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la chasse, de l’exploitation minière, de l’artisanat, du commerce, les questions de justice, de santé, d’eau potable et d’éducation de la jeunesse et de réconciliation.

Alors, la sortie de la crise sécuritaire ne peut faire l’économie de donner des réponses viables à ces thématiques ; elles devront être autres que celles du monde du Toubabouya ; elles devront être ancrées dans nos traditions et être capables de faire cesser le règlement des conflits par la violence armée dans nos villages dont la trame fond est la gestion du foncier rural.

Nous avons longtemps fermé les yeux sur la réalité  de la crise foncière qui provoque la paupérisation rapide dans nos campagnes à cause des contraintes diverses que doit affronter l’économie villageoise : croissance démographique, sécheresses récurrentes, compétition exacerbée autour de l’occupation et de la gestion des espaces ruraux, augmentation significative du taux d’occupation des terres arables, réduction de la fertilité des sols, politiques de l’Etat tournées vers le monde du Toubabouya  mais qui sont défavorables aux exploitations familiales.

Si l’on considère la dynamique migratoire interne dans notre pays, la crise du foncier rural va encore s’aggraver de manière plus destructrice encore si l’on considère tout particulièrement la loi 034-2009 relative au foncier rural, la loi 034-2012 relative à la réorganisation agraire et foncière, celles relatives aux Codes Forestier et Minier. En effet ces lois ont engagé une marchandisation des ressources naturelles afin de tourner la page à l’étatisation de la terre qui avait été actée sous le Conseil National de la Révolution (CNR).

A ce jeu d’argent que les paysans n’ont pas et que l’on appelle modernisation, une immense partie des agriculteurs et des éleveurs perdent progressivement leurs moyens traditionnels de subsistance alors que le développement à la Toubabouya n’offre pas les emplois de survie ; littéralement nos sociétés pourrissent sur pied. N’eût été l’existence du secteur des petits métiers fruit de l’ingéniosité sociale des couches populaires, les révoltes paysannes et les émeutes régulières de la faim en ville auraient eu bien longtemps raison de nos Etats.

Ainsi, les approches de gestion foncière dites révolutionnaires ou modernes qui ont attaqué dans ses fondements le droit foncier coutumier dans toute la diversité de ses expressions n’ont pas représenté une alternative viable au droit coutumier sur la terre. Il faut aussi reconnaître que le droit foncier coutumier n’a pas encore lui aussi pu engager les mutations indispensables au regard de la nouvelle situation de la terre dans nos villages.

Alors que faire ?                                                           

Nous, signataires de l’Appel, sommes d’avis qu’il est possible, sous le leadership des différentes autorités coutumières et traditionnelles villageoises, de rénover le droit foncier coutumier sous la modalité de la GESTION EN BIEN COMMUN DES RESSOURCES NATURELLES. Car dans son but et ses fondements, le droit foncier coutumier considère que la terre n’appartient pas à l’homme, mais que c’est l’homme qui appartient à la terre qui pourvoie à ses besoins ; d’où les rituels spécifiques et la puissance de leur symbolique dans tous nos villages ; d’où enfin le fait que dans toutes nos communautés villageoises chacun a droit à une portion de la terre commune afin d’assurer sa subsistance dans sa quête de Vie Bonne.

C’est en effet grâce à cette philosophie que le flot migratoire des populations du plateau central résultant de la grande sécheresse des années 70-80 a pu être absorbé par les sociétés villageoises habitant l’Ouest, le Sud-ouest, l’Est, le Sud des régions du Centre-ouest et du Sahel bordant le plateau central.

C’est aussi avec une telle vision du monde que, plus récemment, les rapatriés de la Côte d’Ivoire ont pu être accueillis et installés pour l’essentiel dans le Sud-Ouest et l’Ouest du pays.

C’est ce savoir-faire politique et humaniste qui a contribué puissamment à une certaine réorganisation du peuplement dans notre pays et qui a permis jusque-là de contenir la contrainte démographique, la baisse drastique de la fertilité des sols sur le ‘’plateau mossi’’ et les politiques rurales et agricoles du monde du Toubabouya qui appauvrissent nos campagnes.

C’est à nouveau cette philosophie qu’il faut convoquer et lui donner plénitude dans la situation actuelle de la crise foncière en milieu rural comme alternative aux insurrections villageoises et aux situations pré-insurrectionnelles dans les autres parties du pays calmes d’apparence car, là-bas aussi, l’ébullition monte de manière souterraine.

Quelle stratégie opérationnelle dans la situation actuelle ?

Il est maintenant acquis qu’il sera difficile de sortir de la crise sécuritaire par la seule action militaire et que le retour des PDI dans leurs villages n’est pas à portée de main.

Comme admis aussi maintenant, il faut prendre langue avec nos frères affiliés au JNIM, non pas comme une ruse de guerre ou comme une simple déclaration d’impuissance avec son corollaire d’appels sans lendemain aux ‘’frères égarés’’ à déposer les armes.

Il faut inviter au dialogue de manière sincère nos frères affiliés au JNIM en rendant l’initiative de dialogue aux villages avec comme axe principal, la gestion de la crise foncière en milieu rural et avec comme but assigné : La sécurité physique, culturelle et sociale partagée des communautés dans chaque village au travers des composantes d’innovation et de changement ci-après :

  1. La rénovation endogène de la gestion coutumière de la terre afin de renforcer de l’économie villageoise et familiale ; ce qui va impliquer de structurer sur la base des savoir-faire paysans, la complémentarité, la solidarité et l’unité d’action stratégique socio-professionnelles dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la chasse, de la sylviculture, de l’exploitation minière, de l’artisanat et du commerce.
  2. La reconquête et/ou le renforcement du respect mutuel entre communautés et croyances en convoquant la mémoire collective de chaque village (histoire de sa création, conflits passés et actuels et leur gestion, l’accueil et l’intégration de nouveaux arrivants ‘’allochtones’’, l’accueil des musulmans et des chrétiens, etc.).
  3. L’identification et de la gestion des besoins de mutation : renforcement de la sécurité alimentaire, jeunesse (éducation et instruction), élimination des statuts sociaux discriminatoires (les mal nés comme on dit), le renforcement de la santé, de l’accès à l’eau et à l’énergie, les relations inter villageoises.
  4. La mise en œuvre de commissions villageoises « Vérité-Réconciliation » afin de panser les blessures profondes, de réinventer de « nouvelles alliances de lait » sur la base de nos différentes traditions villageoises.

Malgré la forte pression du monde du Toubabouya, qui a entrainé une certaine déstabilisation, nos sociétés villageoises contemporaines disposent encore dans nos traditions et coutumes de suffisamment de ressorts civilisationnels pour engager une telle refondation de notre vivre-ensemble dont les modalités peuvent être ainsi esquissées : 

Dans chaque village, les corps constitués traditionnels que sont le chef de terre, le chef de village, le chef coutumier, élargis au Bureau CVD (Conseil villageois de développement), aux autorités religieuses, aux leaders d’opinion des communautés allochtones, des communautés discriminées, des jeunes et des femmes doivent délibérer et prendre des décisions sur ces quatre (4) composantes ainsi que sur les modalités de leur mise en œuvre efficace y compris les mécanismes de suivi, d’ajustement et de sanction.

Et sur cette base, chaque village ou groupe d’affinité de villages, prendra langue avec nos frères affiliés au JNIM actifs sur le terroir afin d’engager le dialogue et la recherche d’accords qui s’imposeront à chacun y compris les mécanismes de suivi, d’ajustement et de sanction.

Dans cette optique, Nous, signataires de l’Appel, demandons instamment à nos frères du JNIM et à l’État burkinabè au travers du Président de la Transition, d’accepter de manière solennelle un CESSEZ-LE-FEU d’une durée de 6 mois renouvelable.

Nous demandons à la Coordination des Autorités Traditionnelles et Religieuses de manifester de manière solennelle leur soutien aux termes et modalités du dialogue et au CESSER-LE-FEU qui devra rendre faisable et efficace le Dialogue.

L’accord du JNIM, authentifié par les canaux internationaux spécialisés et ceux de l’Etat, auquel fera suite une déclaration solennelle du Président de la Transition donneront ainsi le top départ du dialogue et du retour des PDI dans leurs villages respectifs afin d’y engager elles aussi le dialogue.

Le retour des PDI dans leurs villages, sera accompagné par une campagne de solidarité nationale afin d’assurer pendant 6 mois deux repas quotidiens à chaque ménage.

Alors ainsi s’esquissera, le premier pilier essentiel de la Refondation de l’État : le village comme échelon de base d’une approche délibérative et participative de l’action publique.

Et la suite ?

Nous aurons alors, dans l’intermède étroit et fragile ainsi ouvert, la chance malgré tout, de prendre notre destin collectif en main afin de cheminer (en dépit des menaces, doutes et obstacles divers qui ne manqueront pas) vers les autres étapes de la Refondation grâce à la confiance retrouvée dans le génie politique de nos communautés villageoises.

Pour ce faire nous, signataires de l’Appel, nous nous engageons, à structurer le mouvement « Deux millions de signatures en faveur du Dialogue » en un mouvement politique non formel et non partisan ; c’est-à-dire non engagé dans la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat et ainsi, accompagner et soutenir les communautés villageoises dans leur œuvre de Refondation de l’État dans une perspective Inclusive, Délibérative et Participative.

Tous ensemble nous devons et pouvons engager et construire cette voie pacifique et durable de sortie de notre pays de la crise sécuritaire et de Refondation de l’Etat.

Comme disait Joseph Ki-Zerbo : N’an lara an sara!

 

Pour le Groupe d'Initiative pour le Dialogue

DIALLO Mamadou

74 50 18 59

adidiam@yahoo.fr

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