Retraite : une génération de chercheuses et chercheurs très pénalisée

Retraite : une génération de chercheuses et chercheurs très pénalisée

Lancée le
6 mars 2023
Signatures : 9 230Prochain objectif : 10 000
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Pourquoi cette pétition est importante

Avec raison, les conséquences des réformes des retraites qui se succèdent sont analysées sous l’angle des carrières longues et de leur pénibilité. Elles sont au cœur du mouvement de contestation du report de l’âge légal de départ à 64 ans. Une proposition consiste à allonger les durées de cotisation des plus diplômés. Cependant, les allongements de durée de cotisation pénalisent déjà fortement une population très diplômée et au parcours spécifique: les chercheuses et chercheurs.

Entre 1985 et 2007, des milliers de jeunes scientifiques, en particulier en sciences du vivant, ont exercé une activité de recherche rémunérée et à temps plein qui, aujourd'hui, n'est pas prise en compte pour leur retraite (1). Avant un éventuel recrutement dans la filière de recherche française, les chercheurs.euses effectuent un doctorat (3 ans minimum) et pour la plupart, un ou des séjours post-doctoraux (2 à 5 ans en moyenne, mais souvent plus) dans des laboratoires en France ou à l’étranger. Pour cette activité de recherche, ces scientifiques étaient payés par des “libéralités”, c’est-à-dire des bourses qui n’ouvraient droit ni à la sécurité sociale, ni à la retraite. Ces bourses sélectives provenaient d’associations caritatives (Fondation ARC, Ligue contre le cancer, Fondation pour la Recherche Médicale), des régions, de l’Union Européenne, d’autres pays ou encore d’organisations internationales (EMBO). Ce système a pris fin en 2007 avec leur remplacement par des CDD. Un séjour post-doctoral de plusieurs années en France ou dans les instituts de recherche et universités étrangères les plus prestigieuses était et reste le « parcours d’excellence » considéré comme indispensable par les organismes de recherche, pour prétendre à une carrière académique. Les scientifiques étaient alors rémunérés par des bourses françaises ou internationales hautement compétitives, ou par le laboratoire d’accueil à l’étranger sans ouvrir de droit à la retraite. Ces situations, quasi systématiques il y a une vingtaine d’années dans certains pays comme les USA, perdurent (2). De plus, les enfants nés pendant ces années ne sont pas pris en compte dans le calcul des droits à la retraite des chercheuses.

Dans certains cas, les chercheurs post-doctorants ont contribué aux caisses de retraite du pays d’accueil sans que ces cotisations soient prises en compte dans le relevé de carrière des personnes. Certains pays, comme le Royaume-Uni, ne reversent pas de pension pour des durées de cotisation inférieures à dix années. D’autres, comme la Suisse, conditionnent le versement de la pension à une démarche - longue et difficile - de la Caisse de retraite française vers la Caisse suisse. Enfin, certaines conventions bilatérales permettent de prendre en compte les années passées dans le pays étranger dans le calcul du taux de retraite en France, mais ne s'appliquent plus si la personne devient in fine agent de la fonction publique (par exemple aux USA; 3). C'est le cas de nombreu.x.ses chercheuses et chercheurs en activité dans des organismes publics. Aucun rachat des trimestres travaillés correspondant à l’activité financée par les libéralités ou effectuée à l’étranger n’est possible. Enfin, le rachat de trimestres d’études est souvent inabordable pour la plupart au vu des salaires dans l’enseignement supérieur et la recherche, pour ceux et celles ayant eu la chance d’y être recrutés.


Toutes ces situations se traduisent par des déficits de droits qui pèsent lourdement dans le calcul de la pension de retraite de ces scientifiques, et en particulier des femmes. On parle ici « d’années blanches », de déficits variant de 1 à 10 ans sur des carrières débutant par une thèse à l’âge de 24 ans environ. Cela implique de prendre sa retraite à 67 ans pour ne pas subir de décote et bénéficier du taux plein. Même en partant à 67 ans, c’est aussi l'impossibilité pour beaucoup d'avoir une retraite pleine, du fait de la proratisation de la pension au nombre d'annuités validées, tout en ayant travaillé 43 annuités à temps plein.

Nous, signataires de cette tribune, concernés ou non, demandons que soient mis en place un ou des mécanismes de validation de ces années “blanches” pour toute une génération de scientifiques qui a contribué à la qualité et au rayonnement international de la recherche française. Ces mécanismes permettraient de corriger une pénalisation injustifiée de la spécificité de leurs parcours et d’accéder à des droits équivalents à ceux des autres professions. 


Sources

https://cjc.jeunes-chercheurs.org/expertise/rapport-travail-illegal.pdf
https://www.faseb.org/journals-and-news/washington-update/new-faseb-factsheets-advocate-for-postdoc-benefits 
https://www.cleiss.fr/pdf/conv_etatsunis.pdf


Premiers Signataires 


Sandra Duharcourt (Directrice de recherche CNRS)
Romain Koszul (Directeur de recherche IP)
Pascale Lesage (Directrice de recherche CNRS)
Claire Torchet (Maître de Conférences, Sorbonne Université)
Marie-Emilie Terret (Directrice de recherche INSERM)
Fabienne Malagnac (Professeure, Université Paris Saclay)
Eduardo Rocha (Directeur de recherche CNRS, Directeur du Laboratoire Génétique des Génomes à l’Institut Pasteur)
Nathalie Campo (Chercheuse CNRS)
Michel Werner (Directeur de recherche CEA, Directeur de l’Institut Jacques Monod)
Anne Walburger (Maître de conférences à Aix-Marseille Université)
Eric Maréchal (Directeur de recherche CNRS, Directeur du Laboratoire Physiologie Cellulaire et Végétale)
Corinne Grey (Chercheuse CNRS)
Florence Niedergang (Directrice de recherche CNRS, Directrice de l’Institut Cochin)
Frédéric Boccard (Directeur de recherche CNRS, Directeur de l’Institut for Integrative Biology of the Cell)
Claire Rougeulle (Directrice de recherche CNRS)
Marianne de Paepe (Chercheuse INRAE)
Giacomo Cavalli (Directeur de recherche CNRS)
Bernard de Massy (Directeur de recherche CNRS)
François Parcy (Directeur de recherche CNRS)
Deborah Bourc’his (Directrice de recherche CNRS)
Dom Helmlinger (Directeur de recherche CNRS)
Gilles Fischer (Directeur de recherche CNRS)
Tâm Mignot (Directeur de recherche CNRS, Directeur du Laboratoire de Chimie Bactérienne)
Armelle Lengronne (Directrice de recherche CNRS)
Hélène Rime (Ingénieur de recherche INRAE)
Leslie Caron (Chercheuse, Centre de génétique médicale de Marseille)
Gaël Millot (Ingénieur de recherche Institut Pasteur)
Marina Elez (Directrice de recherche INRAE)
Magali Periquet (Global Medical Director, Sanofi)
Catherine Jessus (Directrice de recherche CNRS)
Frédéric Devaux (Professeur, Sorbonne Université)
Sonia Garel (Professeur au Collège de France)
Claude Prigent (Directeur de recherche CNRS, Directeur du Centre de Recherche en Biologie cellulaire de Montpellier)
Philippe Pasero (Directeur de recherche INSERM, Directeur de l’Institut de Génétique Humaine) 
Patrice Pollard (Directeur de recherche CNRS, Directeur du Laboratoire de Microbiologie et de Génétique Moléculaires)
Ludovic Deriano (Directeur de recherche Institut Pasteur)
Hadi Quesneville (Directeur de recherche INRAE)
Bertrand Llorente (Directeur de recherche CNRS)
Emilie Brasset (Professeur Université Clermont Auvergne)
Gilles Bena (Directeur de recherche IRD)
Laurence Vandel (Directrice de recherche CNRS)
Vincent Colot (Directeur de recherche CNRS)
Marie-Cécile Michallet (Directrice de recherche CNRS)
Teresa Teixeira (Directrice de recherche CNRS)
Valérie Borde (Directrice de recherche CNRS)
Christophe Le Clainche (Directeur de recherche CNRS)
Sylvie Rouquier (Directrice de recherche CNRS)
Ariane Abrieu (Directrice de recherche INSERM)
Thierry Lorca (Directeur de recherche CNRS)
Anna Castro (Directrice de recherche CNRS)
Virginie Petrilli (Directrice de recherche CNRS)
Cécile Fairhead (Professeur Université Paris-Saclay)
Erwan Gueguen (Maître de conférences, Université Lyon I Claude Bernard)
Sarah Bigot (Chercheuse CNRS)
Marc Blondel (Professeur Université Bretagne Occidentale à Brest)
Sophie Louvet-Vallée (Professeur Sorbonne Université)
Véronique Maguer-Satta (Directrice de recherche CNRS)
Mathieu Gabut (Chercheur INSERM)
Stéphane Brunet (Chercheur INSERM)
Samuel Alizon (Directeur de recherche CNRS)
Jacek Kubiak (Directeur de recherche CNRS)
Thierry Jaffredo (Directeur de recherche CNRS)  
Valentin Leroy (Directeur de recherche CNRS)
Fabrice Roux (Directeur de recherche CNRS)
Olivier Espeli (Directeur de recherche CNRS)
Gaelle Blandin (Docteur en biologie)
Eric Allemand (Chercheur INSERM, Institut Imagine)
Joseph Schacherer (Professeur, Université de Strasbourg)
François Roudier (Professeur, ENS de Lyon)
Yvon Jaillais (Directeur de recherche CNRS)
Jean-Nicolas Volff (Professeur, ENS de Lyon)
Julie Viala (Maître de Conférences Aix-Marseille Université)
Mohammed Bendahmane (Directeur de recherche INRAE, ENS de Lyon) 
Jérôme Govin (Directeur de recherche INSERM)
Régis Giet (Directeur de recherche CNRS)
Pierre-Antoine Defossez (Directeur de recherche CNRS)
Sabine Riffault (Directrice de recherche INRAE)
Jean-Yves Bouet (Directeur de recherche CNRS)
Isabelle Schwartz (Directrice de recherche INRAE)
Jean-Christophe Aude (Chercheur CEA)
Stéphane Chédin (Directeur de recherche CEA)
Agnès Delaunay-Moisan (Directrice de recherche CEA)
Jean-Yves Thuret (Directeur de recherche CEA)
Isabelle Iost (Chercheuse CNRS)
Emmanuelle Martini (Directrice de recherche CEA)
Frédéric Beckouët (Chercheur CNRS)
Fabrice Gouilleux (Directeur de recherche CNRS)
Stéphane Delmas (Maître de conférences)
Sylvain Provot (Chercheur INSERM)
Celio Pouponnot (Directeur de recherche CNRS)
Amel Mettouchi (Chercheuse CNRS)
Katja Wassmann (Directrice de recherche CNRS)
Hervé Kempf (Chercheur INSERM)
Véronique Marsaud (Ingénieure de recherche CNRS)
Angéla Taddei (Directrice de recherche CNRS)
Patrice Polard (Directeur de recherche CNRS, Directeur du Laboratoire de Microbiologie et de Génétique Moléculaires)
Jean-Baptiste Boulé (Directeur de recherche CNRS)
Virginie Georget (Ingénieure de recherche CNRS)
Serge Gangloff (Chercheur CNRS)
Claire Desnos (Chercheuse CNRS)
Emmanuelle Fabre (Directrice de recherche CNRS)
Lionel Bénard (Directeur de recherche CNRS)
Pascal Verdier-Pinard (Chercheur INSERM)

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