Ne laissez pas les victimes de soumission chimique dans un trou noir

Ne laissez pas les victimes de soumission chimique dans un trou noir

Lancée le
9 juin 2023
Signatures : 32 763Prochain objectif : 35 000
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par Caroline Darian

Monsieur le ministre de la Santé et de la Prévention, Monsieur le ministre de l’Intérieur, Monsieur le Garde des Sceaux,

Il y a quelques semaines maintenant, nous avons lancé une campagne de sensibilisation inédite - #MendorsPas – pour lever le voile sur la soumission chimique dans la sphère privée.

Difficile à cerner, encore mal identifiée, mal diagnostiquée et donc mal accompagnée, elle touche pourtant de multiples profils, des femmes, parfois des hommes mais aussi des enfants, et jusqu’aux nourrissons et aux personnes âgées, et ce, dans tous les milieux sociaux.

On connaît bien sûr le GHB, dite « drogue du violeur », mais combien imaginent que l’on puisse être abusé chimiquement par un proche, avec des médicaments issus de l’armoire à pharmacie familiale ? Et pourtant, le cercle privé est le premier impliqué dans ce type de violences.

Mais avec une spécificité : des victimes qui souvent s’ignorent. Car à la difficulté de parler ou d’agir qui caractérise notamment les violences intrafamiliales, s’ajoute, le fait de ne pas avoir de souvenirs clairs de l’agression ou de l’agresseur. Il est ainsi particulièrement difficile de prendre conscience de son statut de victime. Par ailleurs, les victimes n’ont souvent que peu d’indices pour être alertées : fatigue anormale, trous de mémoire et autres troubles qui semblent a priori d’ordre neurologique.

Au sein du foyer, ces violences récidivent et s’inscrivent dans une routine particulièrement insidieuse et dangereuse. Les victimes voient leur santé progressivement se dégrader, s’inquiètent sans comprendre et démarre alors une nouvelle peine : l’errance thérapeutique. 

Car après avoir exclu tous les diagnostics possibles, la soumission chimique, elle, n’est jamais envisagée et du même coup jamais explorée.

Enfin, dans les rares cas où la suspicion de soumission chimique est évoquée, la prise en charge en ville devient une véritable impasse diagnostique. Les analyses toxicologiques, seules en mesure de révéler la présence de substances suspectes, ne sont malheureusement pas intégrées dans le parcours de soin. Et, ici démarre une plus lourde peine encore : la cavale à la recherche de preuves privées, toutes onéreuses et aux frais des victimes. Le piège de l’isolement se referme et à mesure que l’on peine à recueillir ces preuves, la possibilité d‘un dépôt de plainte s’éloigne.

Le nœud du problème est là : comment protéger les victimes sans donner les moyens aux professionnels de proximité de repérer ces violences ? comment les accompagner sur le plan sanitaire sans moyens diagnostiques ? Comment encourager le signalement ou la judiciarisation des affaires sans renforcer les liens Justice/Soin de ville ? 

Remettre le soin au centre de la prise en charge des victimes de soumission chimique est primordial. Car loin des faits divers, ce type de violence, a fortiori dans la sphère privée, relève d’un véritable enjeu de santé publique. Chute, coma, trouble de la mémoire, trouble du sommeil, perte de poids, syndrome de sevrage… mais aussi grossesses non désirées, accidents de la voie publique et syndrome de stress post-traumatique sont autant de risques évitables identifiés dans l’enquête nationale sur la soumission chimique. 

Autorités sanitaires, judiciaires, forces de l’ordre, monde associatif : l’enjeu est multiforme, et la responsabilité partagée. Nous en appelons donc au déploiement d’une large campagne de formation des professionnels ainsi qu’à la constitution d’un groupe de travail interministériel réunissant l’ensemble des acteurs pour contribuer à l’amélioration du circuit de prise en charge des victimes notamment en soins de ville. La soumission chimique dans la sphère privée a ses spécificités : nous nous devons de les prendre en compte pour protéger les victimes !

Le mouvement #MendorsPas a mis l’usage criminel des substances dans la sphère privée au cœur de l’actualité : aux pouvoirs publics de prendre le relai. 

Messieurs les ministres, entendez-notre appel, ne laissez pas les victimes de soumission chimique dans un trou noir !

Caroline Darian, Fondatrice du mouvement #Mendorspas - Stop soumission chimique.

Ghada Hatem Gantzer, Gynécologue, Fondatrice de la maison des femmes de Saint-Denis.

Leila Chaouachi, Pharmacien au centre d’Addictovigilence de Paris, Experte de l’enquête nationale sur la soumission chimique auprès de l’ANSM.

Arnaud Gallais, Co-fondateur du collectif Prévenir et Protéger.

www.mendorspas.org

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