Madame La Ministre,

En France, depuis une trentaine d’années, les populations d’abeilles diminuent. Ce phénomène touche d’autres pays d’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie. Cette surmortalité alarmante s’est accélérée depuis le milieu des années 1990, des ruchers entiers ont été dévastés en quelques années. Les causes de ce désastre ? L’usage intensif de produits phytosanitaires, qui intoxiquent les abeilles, favorise en diminuant les défenses immunitaires les infections parasitaires, dont le redoutable varroa. Et l’apparition d’un nouveau et terrible prédateur, le frelon asiatique.

On remarquera que peu d'hommes politique parlent de ce sujet qui est bien plus important que la croissance...

Or, plus de 80 % de notre environnement végétal est fécondé par les abeilles, qui jouent un rôle prépondérant de pollinisateurs. Ainsi, près de 20 000 espèces végétales menacées sont encore sauvegardées grâce à l’action pollinisatrice des abeilles et près de 40 % de notre alimentation (fruits, légumes, oléagineux…) dépendent exclusivement de l’action fécondatrice des abeilles.

Alors vraie ou pas, la citation de Einstein : "Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre" est tout à fait justifiée.

D'ailleurs, le moratoire européen sur certains usages des néonicotinoïdes semble jusqu’ici avoir été inopérant. Depuis sa mise en place en 2013, l’utilisation de ces insecticides, mis en cause dans l’effondrement du nombre d’abeilles et de pollinisateurs sauvages (bourdons, papillons, etc.), a même explosé.

En mai dernier, Le Sénat s’est prononcé pour une diminution progressive de ces derniers, mais sans fixer de date limite comme le souhaitait le gouvernement.

Madame La Ministre, en charge en particulier de l'écologie et de l'environnement, nous sommes sûrs que vous n'ignorez rien de ce sujet dramatique, et conscients de vos responsabilités, nous vous demandons d'agir afin de protéger aussi bien l’abeille que l’apiculture qui en dépend.

Ensembles, nous demandons qu’une réflexion urgente soit menée au sein de notre gouvernement et des gouvernements des autres pays, car la situation que nous rencontrons en France est identique dans le reste du monde. D'autant, qu'en votre qualité de Présidente de la COP 21, vous interagissez avec tous les membres actifs de la planète sur les questions environnementales.

Nous demandons que cette réflexion soit suivie de faits et que la gestion agricole évolue, en misant sur l'interdiction rapide et totale des néonicotinoïdes, et développe la recherche de moyens respectueux pour les abeilles et tous les organismes vivants nécessaires pour évoluer dans un environnement sain.

En conséquence, nous demandons un projet de loi visant l'interdiction totale des néonicotinoïdes en France et en Europe assorti d'un calendrier rendant le moratoire européen de 2013 sur certains usages des néonicotinoïdes effectif.