La guerre est par nature le sujet régalien par excellence. Lorsque l’attaque survient, que ce soit à l’échelle nationale, européenne ou mondiale, un réflexe séculaire conduit le peuple à se tourner vers l’Etat ou les institutions internationales pour se mettre à l’abri des systèmes de protection conçus par les Gouvernements. Aujourd’hui comme hier, quand nous voyons des blindés dérouler leur puissance dévastatrice, nous nous en remettons instinctivement à nos Gouvernements pour trouver la bonne riposte, pour que des Etats protecteurs répondent à l’Etat agresseur.

Les ripostes sont là, mesurées, calibrées, maîtrisées, et le maximum est sans aucun doute à l’œuvre pour rendre la guerre pénalisante pour l’agresseur, tout en évitant qu’elle ne franchisse des seuils irréversibles. Pour autant, la guerre se poursuit, dévastant tout sur son passage, alors que nous vivions sous l’illusion que les armes de dissuasion en protègeraient notre continent à jamais.

Face à la guerre, mais aussi face à tous les défis, nous constatons que les Etats ne peuvent pas tout ; peut-être même est-il hors de leur portée de convaincre l’agresseur de faire taire les armes. 

Le peuple a lui d’autres ressorts. Sa mobilisation est d’ores et déjà sans précédent dans ce conflit. Par dizaines de milliers, les dons affluent de tous les pays de l’Union européenne pour secourir et accueillir les populations lancées dans un exil forcé, mêlant initiatives individuelles, mobilisations d’associations, de médias libres et décisions d’entreprises, avec un élan de solidarité sans précédent venant atténuer la souffrance de civils qui ont vu surgir une guerre qu’ils n’attendaient pas. Le peuple d’Europe se découvre une unité qu’il soupçonnait à peine, faisant émerger les contours d’une véritable Nation européenne, dotée d’une volonté et d’une capacité à agir par elle-même, sans attendre l’injonction d’une quelconque autorité étatique. 

C’est d’ailleurs l’existence de cette Nation européenne, fondée sur des citoyens conscients de l’intérêt général de leur continent, responsables, volontaires, impliqués, agissants et entreprenants, qui fonde la différence fondamentale qui distingue radicalement l’Europe du système verrouillé d’une Russie bâillonnée et enrégimentée, enrôlée par son chef dans une agression expansionniste, décidant d’attaquer un pays voisin qui a eu le tort de chercher à vivre libre dans la maîtrise de son propre destin.

Ce pays, l’Ukraine, s’affirme dans la bataille comme une Nation à part entière, combattant pour sa liberté. Ce combat pour la liberté est le combat que toute l’Europe a en héritage aux racines de son histoire partagée, qui a fait émerger un continent où la paix est parvenue à régner depuis 75 ans.

Cette épreuve forge entre tous les citoyens subissant cette agression ou y assistant horrifiés, un destin commun, indépendamment des décisions institutionnelles concernant l’Union européenne, et qui viendront en leur temps. Cette solidarité entre peuples fait émerger une citoyenneté commune, au service d’un destin commun. Indépendamment des décisions gouvernementales et institutionnelles, ces citoyens veulent unir leur destin pour le rendre commun. Ils sont déjà unis dans l’action, et ils veulent s’unir davantage pour défendre sans autres armes que leur engagement pour la paix, leur volonté de faire taire les armes.

Unis par la prise de conscience de leur citoyenneté commune, le peuple Ukrainien et les peuples de toute l’Europe affirment leur volonté de partager leur destin commun au sein de la République des citoyens d’Europe.

La République des citoyens d’Europe sera proclamée par un peuple pacifique, venu défendre une terre où la création culturelle, la création entrepreneuriale, l’ambition de surmonter les tensions par des processus de dialogue institutionnalisés, et la volonté d’asseoir sa puissance par tous les leviers de la souveraineté – en dehors de toute force belliqueuse - ont su prendre le pas sur la confrontation des Etats, des armes et des visées expansionnistes. 

Attaquer des citoyens ukrainiens désarmés, c’est attaquer toute la République des citoyens d’Europe.

Par milliers d’associations citoyennes de tous horizons, les Européens doivent affirmer l’appartenance de l’Ukraine à une terre ayant vocation à retrouver au plus vite le chemin européen de la paix. C’est une nouvelle page de notre Histoire collective européenne qui s’écrit désormais, alignée sur aucune autre puissance que la sienne, sûre de sa volonté, plaçant toutes les promesses de la paix au-dessus de toutes les illusions chimériques de la guerre, pour accueillir en son sein la terre ukrainienne déjà meurtrie par des journées qui ont replongé notre continent dans l’expérience de l’effroi que les enfants et leurs familles doivent cesser de subir au plus tôt.

Le premier acte fondateur de la République des Citoyens d’Europe consistera à organiser au plus tôt leur rencontre fondatrice en Ukraine et un point d’orgue d’ici le 8 mai également en Ukraine pour demander le cessez-le-feu immédiat, le retrait des troupes russes du territoire ukrainien et la libération des territoires ukrainiens, au nom de tous les citoyens d’Europe agressés par chaque coup de feu tiré sur un civil ukrainien.

Léonidas KALOGERPOULOS, Entrepreneur

Jean-Marie CAVADA, ancien Député européen

Jean-Sébastien LELEU, CJD Paris

Lilian BOULARD, Entrepreneur, Convoi de la Solidarité (depuis Medyka)

Ihor RANTSYA, Cathédrale ukrainienne

Andriy MOSKALENKO, Premier adjoint au Maire de Lviv  (à Lviv, Ukraine, le 06/05/2022)