CONTRE LE BOYCOTT DES ARTISTES BURKINABÈ, MALIENS ET NIGÉRIENS

CONTRE LE BOYCOTT DES ARTISTES BURKINABÈ, MALIENS ET NIGÉRIENS

Lancée le
14 septembre 2023
Signatures : 8 372Prochain objectif : 10 000
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par Samba DOUCOURE

La rédaction du média Africultures se mobilise contre l’appel du ministère de l’Europe et des  affaires étrangères français à cesser toute collaboration entre les établissements culturels subventionnés et les artistes et structures associatives originaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Nous sommes abasourdis par cette décision discriminatoire teintée d’autoritarisme. Il est inconcevable que le gouvernement puisse rompre de cette manière avec la programmation de centaines d’établissements culturels. La vie des artistes ne peut pas être une variable d’ajustement des conflits diplomatiques de la France.


Par cette directive inédite, la diplomatie française envoie un très mauvais message en réaction à l’hostilité et la défiance affichées à son égard dans plusieurs pays d’Afrique francophone. Le Syndeac souligne à juste titre que: “cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine”. Cette action va à l’encontre de la tradition d’accueil des artistes et intellectuels du monde entier dont peut se targuer la France. Un des principes fondateurs des Nations Unies retranscrit dans la charte de l’UNESCO est que le dialogue des peuples prime sur le dialogue des Etats. En mettant ainsi fin à toute possibilité de dialogue entre les peuples du Burkina Faso, du Mali et du Niger, la France s’inscrit en porte-à-faux avec ce principe universel.


Être un(e) artiste c’est accepter de vivre en permanence comme un(e) funambule sur un fil. Se mettre à nu pour créer, écrire, composer, chanter, danser, peindre, modeler, sculpter. Libérer une parole, un pas, un geste, un trait, une idée ou un concept passe parfois par une nécessaire confrontation avec son milieu d’origine, son environnement social. Avec cette décision administrative et diplomatique, les artistes burkinabè, maliens et nigériens se retrouvent pris entre deux feux. Celles et ceux qui ont choisi de rester dans leur pays  constatent jour après jour le rétrécissement progressif des espaces d’expression et de conscience, mais aussi de la pensée critique. Celles et ceux qui vivent et travaillent déjà en France sont doublement touchés. Car ils subissent également cette décision en étant acculés dans une impasse. Car cette décision, si elle devait durer,  les obligera à faire un choix à terme. Le visa français n’est jamais considéré comme un visa anodin et banal pour une personne francophone. Ce tampon posé sur un passeport d’un(e) ressortissant(e) d’un pays qui a eu bout d’histoire avec la France est le prolongement d’imaginaires, de rêves et de combats communs. Pour un(e) artiste, c'est avant tout une fenêtre qui lui permet de dialoguer avec le monde. Alors bannir des festivals, des programmations, des ateliers de création, des résidences culturels en France, les artistes burkinabè, maliens et nigériens, est un coup bas indigne de la France. C’est une insulte à son passé. À son présent. À son futur.


Ce coup de force soulève de nombreuses questions concernant l’avenir des relations entre la France et l’Afrique. Ceci deux ans seulement après le sommet de Montpellier, quelques mois après la création d’une fondation pour la démocratie en Afrique et à l’aune du lancement d’une Maison des mondes africains. Le gouvernement va-t-il s'octroyer le droit d’exclure des acteurs en fonction de leur nationalité et au gré de l’actualité géopolitique?


Africultures appelle à la mobilisation de tous les artistes, professionnels de la culture, universitaires et autres défenseurs de la diversité culturelle et de la liberté d’expression. Nous demandons au gouvernement de renoncer purement et simplement à toute mesure discriminatoire envers les artistes et associations burkinabè, maliennes et nigériennes.   

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ENGLISH VERSION

The Africultures editorial team is mobilized against the French Minister of Europe and Foreign Affairs’ call to cease all collaboration between French government subsidized cultural institutions and artists or non-profit organizations from Burkina Faso, Mali, and Niger. We are astounded by this discriminatory decision that borders on authoritarianism. It is unconceivable for the government to terminate the programming of hundreds of cultural venues and institutions in this way. The lives of artists cannot be an adjustment variable in France’s diplomatic conflicts.

With this unprecedented directive, French diplomacy is sending a terrible message in reaction to the hostility and defiance it is facing in several French-speaking African countries. The Syndeac (National Union of Artistic and Cultural Organizations) has rightly pointed out that: “this policy of banning the circulation of artists and their works has never been applied in any other international crisis, from the most recent with Russia to the older and more enduring with China.” This action flies in the face of the traditional welcoming of artists and intellectuals from all over the world, on which France prides itself. One of the United Nations’ founding principles stipulated in the UNESCO Charter is that dialogue between peoples takes precedent over that between States. By foreclosing any possibility for dialogue with the people of Burkina Faso, Mali, and Niger in this way, France is violating this universal principal.

To be an artist is to accept permanently walking a fine line. It is to bare oneself in order to create, write, compose, sing, dance, paint, model, sculpt. Freely expressing words, moves, gestures, sketching lines, ideas, or concepts often requires a necessary confrontation with one’s original milieu and social environment. With this administrative and diplomatic decision, Burkinabè, Malian, and Nigerien artists are caught in the crossfire. Those who have chosen to remain in their countries are daily witnessing the progressive reigning in of spaces of expression and awareness, but also of critical thinking. Those already living and working in France are doubly impacted, as they are also affected by this decision and caught in an impasse. Indeed, if it proves enduring, this decision will ultimately force them to make a choice. French visas are never considered just any old visa for French-speakers. This stamp in the passport of nationals from countries that share a part of history with France is the prolongation of shared imaginations, dreams, and battles. For artists, it is above all a window that allows them to converse with the world. Banning Burkinabè, Malian, and Nigerien artists from festivals, programmes, arts workshops, and cultural residencies in France is a disgraceful blow below the belt on France’s part. It is an insult to its past, present, and future.

This act of force raises many questions concerning the future of Franco-African relations just two years after a new format of Africa-France Summit (Montpellier 2021), a few months after the creation of a Foundation for Democracy in Africa, and on the eve of the launch of a new “Maison des Mondes Africains”, a cultural center about Africa in Paris. Is the government planning to arrogate the right to exclude actors according to their nationality and geopolitical events?

Africultures calls for the mobilization of all artists, arts professionals, academics, and other defenders of cultural diversity and freedom of expression. We call on the government to quite simply drop all discriminatory measure towards Burkinabè, Malian, and Nigerian artists and associations.

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VERSAO PORTUGUESA

A equipe editorial da Africultures protesta contra o pedido do Ministério da Europa e das Relações Exteriores da França para encerrar toda colaboração entre estabelecimentos culturais subsidiados e artistas e associações de Burkina Faso, Mali e Níger. Estamos impactados com essa decisão discriminatória com tom de autoritarismo. É inconcebível que o governo possa interromper a programação de centenas de estabelecimentos culturais dessa forma. A vida dos artistas não pode ser uma variável nos conflitos diplomáticos entre França e África.

Com essa diretriz sem precedentes, a diplomacia francesa está enviando uma mensagem muito ruim em resposta à hostilidade e à desconfiança demonstradas em relação a ela em vários países africanos de língua francesa. O Syndeac, Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles, ressalta, com razão, que "essa política de proibir a circulação de artistas e suas obras nunca prevaleceu em nenhuma outra crise internacional, desde a mais recente com a Rússia até a mais antiga e duradoura com a China". Essa ação vai contra a orgulhosa tradição da França de receber artistas e intelectuais de todo o mundo. Um dos princípios fundamentais das Nações Unidas, consagrado na carta da UNESCO, é que o diálogo entre os povos prevaleça sobre o diálogo entre os Estados. Assim, ao pôr fim a qualquer possibilidade de diálogo entre os povos de Burkina Faso, Mali e Níger, a França está em desacordo com esse princípio universal.

Ser um artista significa aceitar viver como um equilibrista em uma corda bamba. Expor-se a criar, escrever, compor, cantar, dançar, pintar, modelar e esculpir. Criar uma palavra, um passo, um gesto, uma linha, uma ideia ou um conceito às vezes envolve um confronto necessário com seu ambiente nativo, seu ambiente social. Com essa decisão administrativa e diplomática, os artistas de Burkina Faso, Mali e Níger se encontram no meio do caminho. Aqueles que optaram por permanecer em seu país estão testemunhando dia após dia o encolhimento gradual dos espaços para expressão e conscientização, mas também para o pensamento crítico. Aqueles que já vivem e trabalham na França são duplamente afetados, sendo forçados a um impasse. Afinal, essa decisão, se perdurar, acabará forçando-os a fazer uma escolha. O visto francês nunca é considerado um visto insignificante ou trivial para uma pessoa que fala francês. Esse carimbo no passaporte de um cidadão de um país com uma longa história com a França é a extensão de imaginações, sonhos e lutas compartilhados. Para um artista, é acima de tudo uma janela pela qual ele pode entrar em diálogo com o mundo. Portanto, banir artistas de Burkina Faso, Mali e Níger de festivais, programas, oficinas criativas e residências culturais na França é um golpe baixo indigno da França. É um insulto ao seu passado. Ao seu presente. Ao seu futuro.

Essa tomada de poder levanta muitas questões sobre o futuro das relações entre a França e a África. Isso ocorre apenas dois anos após a cúpula de Montpellier, alguns meses após a criação de uma fundação para a democracia na África e às vésperas do lançamento de uma Maison des Mondes Africains. O governo vai se dar o direito de excluir jogadores com base em sua nacionalidade e na situação geopolítica?

A Africultures está convocando todos os artistas, profissionais da cultura, acadêmicos e outros defensores da diversidade cultural e da liberdade de expressão a se mobilizarem. Pedimos ao governo que abandone todas as medidas discriminatórias contra artistas e associações de Burkina Faso, Mali e Níger.

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