Un projet d'EPE peu ambitieux

Un projet d'EPE peu ambitieux

Lancée le
16 décembre 2022
Signatures : 32Prochain objectif : 50
Soutenir maintenant

Pourquoi cette pétition est importante

Dijon, le 14 novembre 2022

 

Monsieur le Président de l’Université de Bourgogne, Mesdames et Messieurs les membres de l’équipe de gouvernance, Mesdames et Messieurs les membres du conseil d’administration,

 

Lors de la séance du Conseil d’administration du 1er septembre 2022, a été votée de manière impréparée et non éclairée, la décision engageante de faire sortir l’Université de Bourgogne de la Comue UBFC au terme du contrat de site, le 31 décembre 2023. 

Nous vous appelons par cette lettre, tant pour des raisons de forme que de fond, à revenir sur cette décision et à engager au plus vite avec la communauté un dialogue profond, contradictoire et constructif, sur l’avenir du site. 

Nous souhaitons en effet, en notre qualité de membres de la Communauté universitaire bourguignonne impliqués quotidiennement dans la formation et l’insertion des nouvelles générations comme dans la recherche et sa valorisation économique et sociale, exprimer toutes les incompréhensions et inquiétudes liées à cette décision qui nous apparaît comme prise à la hâte et sans mesurer toutes ses implications.

 

Tout d’abord, sur la forme, l’ordre du jour de cette séance était  volontairement flou, ne précisant pas qu’il y allait avoir un vote sur le retrait de notre université de la Comue, prenant largement de court certains élus. En outre, la convocation a été envoyée trois jours seulement avant la séance, ne laissant pas un délai raisonnable pour permettre à ces derniers de se concerter avec les personnels qu’ils représentent, les prenant par surprise ; ils durent se prononcer sur une question engageant gravement l’avenir de la communauté alors que les informations quant aux conséquences de ce retrait étaient et demeurent contradictoires selon les sources.

Ensuite, quant au fond, les interrogations sont trop nombreuses pour que cette décision puisse apparaître justifiée. 

Certes les exaspérations liées aux lourdeurs et aux dysfonctionnement administratifs générés par la Comue ont-elles pu provoquer l’opposition d’une partie de la communauté à la politique de site. Pour autant, les réussites ne doivent pas être oubliées (ISITE et 130 millions d’euros ont été obtenus par des Programmes investissements d’avenir grâce au fait qu’UBFC portait ces dossiers), pas plus que la volonté de continuer le travail en commun, publiquement exprimée notamment par la lettre du 12 avril 2022 signée d’un très grand nombre d’acteurs et de responsables de terrain des deux établissements (comprenant de nombreux directeurs d’unités de recherche et de composantes, de graduate schools, d’écoles doctorales, etc.). Or la décision de retrait de l’uB est susceptible de menacer gravement l’avenir de cette collaboration régionale, absolument indispensable dans un contexte de concurrence nationale et internationale toujours plus exigeant. 

En l’état actuel, après l’échec d’un premier projet (convention de coordination territoriale), un second est ébauché par le président. Il promeut un nouveau regroupement à l’issue du contrat de site actuel qui interroge beaucoup pour deux raisons. 

D’une part, parce qu’il propose de regrouper l’uB avec d’autres établissements dijonnais qui sont déjà des partenaires de fait depuis longtemps, dans une nouvelle structure administrative (un établissement public expérimental ou EPE) dont il est difficile de voir la plus-value. Au contraire, sans création de collaborations extérieures nouvelles, un tel projet donne une impression de confinement, de repli défensif de l’uB, alors que deux établissements bourguignons (l’institut agronomique de Dijon et l’école des arts et métiers de Cluny)  ont choisi de maintenir leur engagement dans la Comue.

D’autre part, parce qu’il se limite à proposer une simple convention de partenariat entre ce futur EPE dijonnais avec la Comue qui va changer de statut et devenir elle-même expérimentale (pour se doter d’une gouvernance beaucoup moins contraignante) regroupant donc, à compter de janvier 2024, l’ensemble des établissements membres de l’actuelle Comue (à l’exception de l’école de commerce et de l’uB). L’uB, qui ne serait que simple associé et non membre de ce groupement, serait alors dans une position bien moins favorable et forte que celle des membres . Or la force d’une Comue, et d’autres structures de type fédéral, est de constituer un groupement (en droit, une « personne morale » unique, commune à tous les membres) représentant l’ensemble des étudiants et des personnels d’établissements qui ont lié leurs intérêts, doté d’une force liée à la masse critique qu’il représente et à sa capacité à défendre nos intérêts collectifs d’une seule et même voix (notamment en portant les appels à projet au niveau du site). Ces avantages ne peuvent aucunement être trouvés dans une convention, ne créant pas de représentation unique, à défaut ne pouvant en aucune manière porter des PIA au nom de la communauté, et n’offrant pas la possibilité de prétendre à un rayonnement international. 

En effet, le projet d’EPE dijonnais, bâti dans l’urgence entre l’uB, l’école supérieure de musique (ESM), Sciences Po Dijon (exclusivement l’antenne dijonnaise de Sciences Po), le CHU de Dijon, le Centre régional de lutte contre le cancer Leclerc (CGFL), et des écoles privées de la ville (l’école de commerce BSB, les écoles d’ingénieurs ESEO, ESTP, CESI) permet certes de concentrer les forces dans la ville de Dijon, mais il présente des faiblesses patentes en termes de recherche, a fortiori si on le compare avec la puissance scientifique que représentera la Comue expérimentale formée par l’UFC, l’UTBM et nos autres partenaires actuels. On voit mal le ministère se prêter à la création d’un tel établissement public national.

De plus, la collaboration avec des écoles privées, limitées en termes de ressources humaines propres (des enseignants de l’UB sont appelés pour y faire des vacations), assez démunies en termes de laboratoires de recherche, et dont les enseignants ne sont pas des chercheurs, ne permettra pas à l’uB d’apparaître comme un acteur majeur sur la scène nationale ni internationale. Enfin, la différence de statuts entre les personnels des composantes de l’EPE dijonnais, mais aussi l’inégalité des moyens de ces composantes, comme de leurs étudiants, ne laissent pas présager que la cohabitation ira de soi.

Il est de surcroît vraisemblable que l’Université de Franche-Comté refuserait pour l’avenir toute future collaboration structurante et d’envergure avec l’uB dans une telle association, eu égard aux pertes importantes qui résultent pour elle de la récente décision de retrait de l’uB, qui pénalise lourdement les deux établissements (le ministère ayant annoncé aux chefs d’établissement la suspension immédiate puis la perte des projets PIA et « France 2030 » portés par la Comue, entre 56 et 60 millions d’euros, à compter de la dislocation d’UBFC). La rupture de confiance entre nos deux établissements, la perte acquise des PIA, la menace réelle d’un désengagement du CNRS de notre campus – formulée clairement dans la lettre de son Président Directeur Général datée du 8 avril 2022–  ainsi que les fortes incertitudes qui pèsent sur la pérennité des subventions de la région à l’uB (essentielles pour les SHS qui peuvent difficilement répondre à des projets ANR ou H2020) ­créent un climat d’autant plus anxiogène qu’aucune solution de substitution ambitieuse, dans la continuité de la politique actuelle du site n’est actuellement dessinée. 

Dans ce contexte, nous appelons de nos vœux l’engagement de nouvelles discussions avec l’ensemble des partenaires (établissements d’enseignement supérieur et de recherche de Bourgogne Franche-Comté et ministère) en vue de faire évoluer la Comue UBFC et de porter haut les ambitions d’un vaste espace d’enseignement et de recherche qui rayonnera au plan international. L’Université de Bourgogne vieille de 300 ans n’a pas vocation à disparaître comme absorbée au sein d’un tout, mais au contraire à s’affirmer comme l’un des établissements moteurs de cet espace collectif, tout en gardant sa capacité à engager d’autres collaborations parallèles, avec d’autres acteurs aujourd’hui extérieurs à UBFC.    

Soutenir maintenant
Signatures : 32Prochain objectif : 50
Soutenir maintenant
Partagez cette pétition en personne ou ajoutez le code QR aux supports que vous imprimez.Télécharger le code QR