Le 21 janvier dernier, nous découvrons sur internet la pétition d'un groupuscule toulousain qui exige l'annulation d'une "lecture drag" prévue le 18 février à la Médiathèque José Cabanis par Shanna Banana et Brandy Snap, par ailleurs également programmés le 4 février à la MJC Roguet.

Près de 5000 personnes ont signé le texte, apparemment indifférentes au flot de haine déversé contre les artistes, accusés de se livrer à une insidieuse propagande LGBT contre nature qui fait l'apologie de la théorie du genre et pervertit les enfants.

La revendication sans gêne ni crainte apparente d'un droit à la censure au nom d'un prétendu ordre moral, qui appelle de notre part une seule réponse : non, ni aujourd'hui ni demain, ni chez nous ni ailleurs.

Parce que nous avons la chance et le privilège de vivre en France dans un Etat laïque, dans lequel les lois de la République priment sur les lois des religions, quelle que soit la religion.

Parce que dans le respect de ces lois les artistes sont libres de créer, les lieux culturels sont libres de programmer, les citoyens que nous sommes sont libres de s'exprimer sur le monde tel qu'il est et tel qu'il pourrait être.

Dans le respect de ces lois, ni les artistes, ni les programmateurs, ni les parents qui accompagnent leur enfant dans une médiathèque ou dans une MJC n'ont à justifier ni à s'excuser de leurs choix au seul motif qu'ils heurtent les convictions de quelques un-es.

Si nous n'avons pas conscience de l'importance de cette liberté fondamentale et de l'importance de la défendre à chaque fois qu'elle est attaquée, alors nous ne nous conduisons pas comme des citoyens responsables.

La menace que fait peser aujourd'hui un groupuscule identitaire sur la liberté de Shanna et Brandy, de la Médiathèque de Toulouse et de la MJC Roguet doit être prise au sérieux. 

Elle appelle une réponse des autorités pour que soit assurée la sécurité des artistes et de toutes celles et ceux qui, ne souhaitant pas se laisser intimider, viendront assister à la lecture.

Elle appelle aussi une réponse citoyenne de toutes celles et ceux qui se souviennent que depuis la nuit des temps les ennemis de la démocratie brûlent des livres et censurent les artistes, qui partagent la conviction que sans liberté de création la démocratie n'est qu'une illusion.

Le 4 février à la MJC Roguet, le 18 février dans un site à déterminer et tous les autres jours dans tous les autres lieux, soyons des citoyens responsables et mettons chacun-e à sa place : la culture et les artistes au coeur de la cité, les idées nauséabondes de l'extrême droite dans les oubliettes de l'Histoire.